Grégory Tempremant, président de l’Union régionale des pharmaciens d’officine, a appris vendredi 9 avril que la livraison de ses doses de vaccins est décalée d’une semaine, en raison de la trop forte demande dans la région. Il dénonce une campagne de vaccination à deux vitesses.
Comment avez-vous appris que vous ne recevriez pas les doses de vaccin commandées la semaine dernière ?
J’ai reçu un mail vendredi, m’informant que la commande passée pour ma pharmacie ne serait pas honorée, et décalée d’une semaine. Normalement, je commande les doses le mercredi soir pour la semaine suivante, avec des quotas. Une par médecin ou infirmière. Je livre 13 médecins et une infirmière, j’avais donc commandé 14 doses, qui devaient être livrées mercredi ou jeudi prochain. Concrètement, cela signifie que le personnel de santé ne pourra pas vacciner la semaine prochaine. Les patients devront attendre ou reprendre rendez-vous.
Quelles sont les raisons invoquées ?
La Direction générale de la santé nous dit qu’il y a une trop forte demande dans la région, qu’il faut donc décaler les livraisons de façon à pouvoir approvisionner tout le monde. Certains professionnels de santé recevront leur commande cette semaine, comme prévu ; d’autres, comme moi, les recevront la semaine suivante. Cela entraine une immense frustration, on se sent totalement délaissés dans cette campagne de vaccination. Que ce soient les médecins, les infirmiers, les pharmaciens. On voit bien qu’il y a une volonté de concentrer toutes ces doses dans les centres de vaccination pour "faire le buzz" et servir la communication du gouvernement.
Les centres de vaccination sont, selon vous, prioritaires sur les livraisons ?
On constate, qu’étrangement, des doses d’AstraZeneca qui arrivent régulièrement dans les centres de vaccination, mais qu’il n’y en a plus suffisamment pour les pharmacies. Alors qu’on nous a toujours dit qu’il n’y aurait pas de mélange de flux, que les centres de vaccination seraient approvisionnés en Pfzizer et Moderna, et que les pharmacies recevraient les doses d’AstraZeneca. Ce n’est pas le cas. Le gouvernement veut faire des opérations coup de poing le weekend avec les vaccinodromes. C’est au détriment de la vaccination de proximité, dans les officines.
Qu’en est-il des patients qui devaient être vaccinés cette semaine ?
Beaucoup de patients sont sur liste d’attente ici, et n’iront pas dans les centres de vaccination. Ma pharmacie est à Comines, à 25min en voiture du Zénith de Lille où le centre de vaccination est installé. Pour certains patients, c’est tout un monde de se déplacer, de trouver une voiture, de se garer etc… Je ne suis pas contre les centres de vaccinations, ils sont essentiels, mais il faut un juste équilibre entre cette stratégie et la vaccination de proximité, dans les plus petites villes, avec les professionnels de santé.