Élections 2021 Hauts-de-France : des plis électoraux, distribués par le prestataire privé, retrouvés dans la nature

Des dizaines de plis électoraux contenant les professions de foi des candidats aux élections départementales et régionales des 20 et 27 juin prochains ont été découverts au pied d'une poubelle à Ronchin (Nord). Certains mettent en cause l'entrée d'un prestataire privé dans la distribution.

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"On s’étonnera encore de l’abstention". L’alerte a été lancée sur le réseau social Twitter par Adrien Quatennens. Dans un message, le député France insoumise du Nord dénonce les problèmes dans la distribution de la propagande électorale à quelques jours du premier tour des élections régionales, expliquant que le matériel n’arrive pas, photos à l’appui capturées à Ronchin le week-end dernier.

Sur la première, on voit des dizaines de plis électoraux déposés au pied d’une poubelle aux abords du cimetière de la ville. Sur la seconde, le même tas d’enveloppes cette fois-ci empilé au-dessus d’une batterie de boites aux lettres dans un hall d’immeuble. Jean-François Pyl, candidat insoumis pour les départementales dans le canton de Lille 4 à l’origine de la découverte, raconte. "Ce sont des plis sous élastique par lots qui devaient être dispatchés dans les maisons parce qu’on voyait que les numéros se suivaient. L’un d’entre eux était ouvert et j’ai vu que c’était de la propagande régionale. En faisant un comptage assez rapide, je suis arrivé sur au moins une centaine de plis non-distribués".

L’arrivée d’une entreprise privée dans la distribution pointée du doigt

Les plis électoraux contenant les professions de foi et les programmes des candidats étaient historiquement distribués par le groupe la Poste pour chaque élection depuis des décennies. Mais un nouveau prestataire privé a fait irruption dans cette organisation bien huilée avec l’ouverture à la concurrence du marché décrétée début 2021.

Le groupe Adrexo, spécialisé dans la distribution d’imprimés publicitaires depuis plus de 30 ans, a été sélectionné pour distribuer ce matériel électoral dans sept régions, dont les Hauts-de-France. "Adrexo a été la seule société avec la Poste considérée par l'autorité de régulation des communications électroniques, des postes et de la distribution de la presse (ARCEP) comme un acteur capable nationalement de relever le défi", se félicite un conseil du groupe joint par téléphone.

Un défi partiellement relevé pour les insoumis qui pointent justement l’entrée d’un groupe privé dans une opération de service public comme raison à ces dysfonctionnements. "Comme on a sous-traité cette mission de service public à une entreprise privée – que ce soit celle-ci ou une autre, ça aurait été la même chose – leur objectif est de faire du profit. On demande une productivité beaucoup trop importante et on voit le résultat", dénonce Jean-François Pyl.

"Adrexo c’est 17 000 distributeurs en France à temps partiel qui travaillent avec des contrats de 6, 12, 15 heures. La Poste, c’est 70 000 facteurs à temps plein"

Philippe Viroulet, délégué syndical central à la confédération autonome du travail d'Adrexo

Même son de cloche du côté du syndicat majoritaire de l’entreprise. "On a toujours été très inquiets sur la faisabilité de cette opération car on savait que nos collègues de la Poste avaient du mal à faire en sorte que cette opération soit menée correctement en temps et en heure, avance Philippe Viroulet, délégué syndical central à la confédération autonome du travail. Adrexo c’est 17 000 distributeurs en France à temps partiel qui travaillent avec des contrats de 6, 12, 15 heures. La Poste, c’est 70 000 facteurs à temps plein".

Comme à Ronchin, des "anomalies" découvertes un peu partout en France

Pour les distributions propres aux élections régionales et départementales, 6 000 intérimaires ont été embauchés pour l’occasion par l’entreprise privée. Pour tenir la cadence d’une part, mais également pour remplacer les titulaires nombreux qui n’ont pas souhaité participer à l’opération, affirme le syndicaliste. Pour expliquer la découverte des plis au pied d’une poubelle à Ronchin, Philippe Viroulet tente une explication. "Des gens ont été recruté par interim, se rendent compte que c’est trop compliqué à faire et décident d’abandonner les documents. On a une série d’articles sortis dans toute la France pas très flatteurs", déplore-t-il.

Au total, la direction de l’entreprise estime à 10 000 le nombre de dysfonctionnement depuis le début de la distribution dans les sept régions couvertes par Adrexo. "On fait tout pour relever les problèmes remontés et on travaille main dans la main avec les préfectures et le ministère de l’intérieur, indique le conseil de la société. Préventivement, Adrexo a fait un suivi des distributions et de la qualité. Une cellule anomalie a été mise en place pour étudier chaque dysfonctionnement au cas par cas. Si jamais il y a des gros soucis qui remontent d’un distributeur, ça peut aller de la sanction jusqu’au pénal".

Selon l'entreprise, le nombre de dysfonctionnements détectés est similaire aux précédentes élections. "Je ne cherche pas à sous-estimer le problème mais à chaque élection ça râle, et c’était déjà le cas lorsque notre concurrent avait le monopole. Je pense simplement que le fait que le gouvernement ait ouvert le marché à la concurrence en fait un thème qui dépasse la société Adrexo et devient très politique".

La crainte du second tour

Des dysfonctionnements "mineurs" selon Adrexo avant le premier tour prévu le 20 juin prochain. Mais la crainte des syndicats réside dans la distribution expresse à mettre en place pour le second tour, le dimanche 27 juin. "Ça s’est déjà démontré lors des élections législatives partielles de mai dernier parce qu’il y avait des délais très courts entre le premier et le second tour", explique Philippe Viroulet. Dans la 6ème circonscription du Pas-de-Calais par exemple, plusieurs candidats nous avaient signalé des problèmes similaires.

"Au lendemain du premier tour, la commission de propagande se réunit avec les candidats qualifiés pour le deuxième tour afin de valider les documents. Ensuite, il y a un travail de mise sous enveloppe et l’étiquetage des adresses, explique le syndicaliste. Adrexo ne reçoit les plis que le jeudi et l’élection a lieu dimanche. On a donc trois jours pour distribuer l’intégralité des plis alors qu’on l’a fait en trois semaines pour le premier tour". Une inquiétude transmise à la direction, assure le syndicaliste.

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