Dans la nuit du 28 au 29 juin 2023, le Casino Shop de la rue de Douai, dans le sud de Lille, était incendié et pillé. Deux semaines plus tard, son propriétaire remue ciel et terre pour tenter de sauver son commerce.
À l'image de la station de métro Porte de Douai, au sud de Lille, incendiée dans la nuit du 28 au 29 juin, le Casino Shop, situé juste en face, arbore un air fantomatique. Cette supérette de quartier, qui depuis sept ans grouillait de monde entre voyageurs sortant des transports, l'Université de droit à quelques minutes et jeunes sortant de cours, est aujourd'hui méconnaissable, après avoir été pillée et incendiée lors des émeutes.
"J'entends la colère des jeunes. Mais à cause de ces actes j'ai dû mettre douze personnes au chômage technique."
Karl Evraer, gérant du Casino
Instabilité financière
Étals vidés, rayons désertés, débris de carton, de bois et d'autres emballages éparpillés... Presque deux semaines après les vols qui ont ébranlé la boutique, le temps semble encore suspendu. "Pourquoi nous ? Pourquoi les commerçants ? Pourquoi l'incendie ?", lance le patron de la supérette, Karl Evraer, l'air presque éteint. "J'entends la colère des jeunes. Mais à cause de ces actes j'ai dû mettre douze personnes au chômage technique."
Et en tant que gérant de la société, Karl Evraer a dû avancer chaque frais, sans percevoir aucune indemnité. "Il va falloir avancer tous les salaires jusqu'à la réouverture, tous les travaux, toutes les charges... Même si les assurances font leur possible et que je serai sûrement remboursé, pour l'instant, ma trésorerie ne suit pas."
100 000 euros de marchandises jetés
L'incendie est ce qui a mis le plus à mal ce commerce de quartier. "Si ce n'avait été que les vols, j'aurais pu me relever plus vite. Mais le fait d'avoir tout brûlé m'a contraint à jeter plus de 100 000 euros de marchandises à la poubelle", confie le gérant du Casino Shop qui, avec ses caméras de surveillance, a pu avoir accès à toute la scène de pillage.
L'analyse des experts, qui doivent évaluer l'étendue des dégâts, n'étant pas encore finie, le propriétaire ne connaît pas encore le montant des dommages. "J'avais sur mon compte une trésorerie assez conséquente. Comme j'ai dû tout avancer, je n'ai désormais plus rien. Je suis livré à moi-même", inspire-t-il, en précisant que sa banque devrait bientôt lui proposer un accompagnement. Karl Evraer expire. "Un soulagement."
La loi des clients
Il y a quelques jours encore, Karl se rendait dans les décombres de son magasin pour vider l'ensemble des marchandises. "La plupart sont partis à la benne et le reste, comme les produits non périssables, a été donné au Secours populaire." Désormais, le propriétaire s'occupe principalement de signer des devis. Son seul souhait : que les travaux puissent avancer le plus vite possible. "Le client est très volatil", indique-t-il. Une fermeture prolongée peut signer la fin de la supérette, même si elle parvient à redresser la barre.
Trois semaines pour décontaminer le lieu, puis une période d'attente pendant tout le mois d'août en raison de la fermeture de plusieurs sociétés nécessaires au processus... Karl prévoit sa réouverture au minimum vers octobre prochain et espère pouvoir conserver l'ensemble de son équipe. "Je garde espoir et je me battrai jusqu'au bout !"