À Lille Art Up !, des grands noms comme Banksy et Obey côtoient des artistes moins connus venus du monde entier. Même si l'exposition ferme ses portes ce dimanche 11 février 2024, il est encore temps de découvrir les coups de cœur de cette 16ème édition qui a occupé Lille Grand Palais pendant 4 jours.
Malk, Guillaume Caron, Armelle Legrelle.. Entre ses mains, Colette fait défiler les cartes de visite des artistes qu'elle a découverts ce dimanche 11 février 2024, à Lille Art Up !. Accompagnée de son mari Guy, ils lézardent entre les galeries exposant dans les 20 000 mètres carrés de Lille Grand Palais. Happés par une œuvre de Guillaume Caron, les voilà tous deux bouche bée devant une toile mêlant la peinture et la sculpture : "On a été attirés par cette sculpture très en relief, et les accords de couleurs originaux et travaillés". Le couple sait ce qu'il recherche dans une peinture : "L'économie des graphismes" et les "associations de couleur". Sans oublier leur petit point faible pour les œuvres locales.
Tout le monde ne partage sans doute pas les goûts de Colette et Guy, c'est pourquoi nous vous avons préparé une autre sélection de coup de cœur. Figurines, équilibristes, peintures épurées et photographies vertigineuses : à Lille Art Up !, il y en avait pour tous les goûts.
Le fer, une matière qui inspire
Défiant les lois de la gravité, les personnages de plomb d'Evdoxía semblent flotter dans les airs. Pourtant les échafaudages qui les soutiennent n'ont rien d'hasardeux : grâce à des études de mathématiques la jeune artiste grecque associe les calculs à l'art pour un résultat hypnotisant.
Ses structures d'apparences fragiles renferment un vrai travail de matières : "Ce qui m'intéresse, c'est le contraste entre les matériaux que je choisis, comme le fer qui est dur et froid et comment je m'en sers pour exprimer des pensées et des sentiments fragiles : au fond, chaque chose possède ces deux faces", commente-t-elle.
Et le résultat est là : les cinq sculptures exposées abritent parfois des équilibristes précaires, bien peinés de devoir résider entre les tiges de fer froides et fragiles.
Un peu en retrait des galeries d'artistes peintre et sculpteur, une place a été laissée à la photographie. Audrey Hoareau, directrice du Centre Régional de la Photographie et Manon Montagard, agente d'accueil et de médiation ont saisi l'occasion de "ressortir une exposition de 2022, de 4 artistes chinois qui avaient été soumis à la censure", indiquent-elles.
Dans une série photo dédiée à la construction du chemin de fer transatlantique en Amérique au 19ème siècle, le photographe Zheng Andong se met en scène "habillé en parfait américain, décrit Audrey Hoareau, il se photographie en cow-boy surplombant la vallée où passe le chemin de fer transcontinental".
Pour nous c'est l'occasion de ressortir une exposition de 2022, de 4 artistes chinois qui avaient été soumis à la censure, sur le thème de l'abri.
Audrey Hoareau, directrice du CRP
Ce chemin de fer de plus de 3 000 kilomètres a demandé le travail de milliers d'ouvriers chinois de 1863 à 1869. Ils avaient alors fui la famine, et embauchés pour construire le chemin de fer, devaient se loger seul et se nourrir avec moins de 35 dollars par jour.
Dans son exposition le photographe a inclus une expérience immersive : une visionneuse stéréoscopique "qui servait à produire une vision de relief, explique la directrice, on assemble 2 images distantes de 7 centimètres et le cerveau reproduit l'impression".
Le résultat : une série photo poétique et emplie d'histoire, maintenant bien conservée au CRP.
De la courbe et de la couleur
Faire place nette et se recentrer sur l'essentiel : c'était la volonté de Thomas Van Hecke quand il a conçu sa série de tableaux basée sur trois couleurs uniques : blanc, noir et bleu. Les trois se côtoient sans jamais se mélanger, contenues dans des formes nettes bien que tracées à main levée.
Les vides et les pleins s'assemblent pour reconstituer des corps féminins abstraits : une formule simple et efficace.
Pour l'artiste peintre de 33 ans, cette technique est une première : "j'ai passé trois ans sur cette série, avant je travaillais beaucoup au crayon à papier, puis sur le corps mais avec le réalisme puis au point par point".
Pourtant, le style lui correspond à merveille : "J'aime les traits droits, comme une imprimante, justifie-t-il, à l'époque des ordinateurs et de l'intelligence artificielle j'aime bien cette idée que l'Homme puisse dépasser l'ordinateur".
Quand on est peintre on passe beaucoup de temps dans son atelier et donc c'est chouette de participer à la vie sociale différemment
Thomas Van Hecke, peintre
Quand il n'est pas à Art Up, il expose à Lille, Dunkerque, Reims "et bientôt en Belgique". Son stand à Lille grand palais reste une expérience "différente" des autres endroits où il expose : "quand on est peintre on passe beaucoup de temps dans son atelier et donc c'est chouette de participer à la vie sociale différemment", rigole-t-il.
Cette série sobre d'inspiration constructiviste dénote avec les 8 000 figurines multicolores qui ornent les œuvres de l'artiste belge Dario Pilato.
"J'en ai eu dans mon enfance de ces figurines", s'exclame Guillaume. Le père de famille esquisse un sourire : "j'en ai gardé mais aussi beaucoup jetés, finalement j'aurai pu faire ça."
Pour Pilato hors de question que les figurines finissent à la poubelle, comme l'explique Maxime Siennicka, responsable de la galerie : "il aime rappeler l'enfance dans ses tableaux, et depuis peu il s'amuse à racheter des collections privées de monoblocks, ce sont des petites figurines peintes et moulées artisanalement."
Des figurines pour certaines collectors, dont le prix varie "d'un à plusieurs milliers d'euros" précise le responsable. Sur un ton joyeux et enfantin, Dario Pilato pose une réflexion sur le caractère unique de chaque personne et sur la société de surconsommation.
Pour sa 16ème édition, la plus grande foire française d’art contemporain, hors Paris, a réuni 104 galeristes et éditeurs et accueilli près de 30 000 visiteurs en 4 jours. L'exposition à Lille Grand Palais se referme au terme de cette journée, avec la promesse de revenir présenter une sélection d'artistes triés sur le volet du 13 au 16 mars 2025.