Le 22 septembre 1915, à l’aube, un homme écrit une dernière lettre :«Nous allons mourir en bons Français, en braves Belges. Debout. Les yeux non bandés, les mains libres. Adieu à tous et courage.» Cet homme, c’est Eugène Jacquet, exécuté, ce même 22 septembre dans les fossés à Lille.
Lille, hiver 1914. De nombreux soldats qui ont combattu se cachent encore dans la ville occupée. Un réseau se met en place pour les aider à s’évader. A sa tête, un officier français soutenu par le préfet du Nord et des industriels textile. Grâce à ce réseau, 200 hommes réussiront à s’enfuir. En mars 1915, il faut trouver un successeur à l’officier français passé aux Pays-Bas, ce sera Eugène Jacquet : riche négociant en vin lillois, il est socialiste, franc-maçon, secrétaire de la Fédération du Nord de la Ligue des Droits de l’Homme. Sa mission : récolter de l’argent, loger, nourrir les fugitifs et leur permettre de s’évader vers la Hollande, pays neutre, via la Belgique. Eugène Jacquet n’est pas seul ; à ses côtés, 2 Français et un Belge, le passeur. Cette filière d’évasion efficace va prendre le nom de Comité Jacquet.Mais le 22 avril 1915, un aviateur anglais exfiltré 1 mois auparavant par le réseau revient survoler Lille. Il largue une lettre dans laquelle il se moque du gouverneur allemand. Fureur des occupants qui font tout pour faire tomber le réseau. En juillet, ils arrêtent 200 personnes. Eugène Jacquet et ses trois complices sont fusillés. C’est la fin des grands réseaux d’évasion dans le Nord de la France. Par la suite, les Allemands les démantèleront aussi vite qu’ils apparaissent.
Source archives :
- Archives départementales du Nord
- L'Illustration
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