Il va remplacer l'actuel palais de justice situé avenue du Peuple Belge, jugé trop vétuste. En construction depuis deux ans, ce nouveau bâtiment est déjà trop petit. Une situation ubuesque, que les magistrats lillois dénoncent depuis plusieurs années.
Il est en construction depuis 2022, son ouverture est prévue en 2027. Les travaux, bien engagés, sont loin d’être terminés mais déjà, une certitude : le nouveau palais de justice lillois sera trop petit. Une situation que les professionnels de la justice dénoncent depuis plusieurs années, en vain. Karine Dosio, représentante de l’Union syndicale des magistrats, constate amèrement : "Mes collègues ont eu la sensation de ne pas être écoutés".
Et pour cause, il y a deux ans, les magistrats et avocats de Lille pointaient déjà dans une pétition "la surface prévue pour les avocats lillois et les avocats extérieurs", ainsi qu’un "nombre insuffisant" de salles d’audiences dans le nouveau bâtiment.
"Le palais actuel est largement insuffisant mais le futur palais le sera encore davantage eu égard au renforcement des effectifs que nous appelons de nos vœux ", concluaient-ils sur ce projet qu'ils qualifient de "catastrophe annoncée".
C'est un manque de communication dès le départ
Karine DosioVice Présidente en charge du contentieux des libertés et de la détention - Représentante de l'USM à Lille
Ce problème de surface n’était pas une évidence pour le ministère de la Justice. Mais deux ans après le début des travaux dans le Vieux-Lille, la chancellerie a finalement expliqué chercher un nouveau lieu dans la ville pour pallier ce problème. Elle se justifie en brandissant l’argument de l’accueil de 41 professionnels supplémentaires dans le cadre des États Généraux de la Justice. Mais sans ces recrutements, la place aurait tout de même manqué. Un aveu qui sonne comme un cruel "manque de communication", pour Karine Dosio.
"On partait du principe qu'on était des magistrats 2.0"
Cet espace insuffisant, la représentante de l’USM l’explique par une vision biaisée des métiers de la justice. "On partait du principe qu'on était des magistrats 2.0, qu'on prenait des décisions debout en marchant dans les couloirs. Mais la vérité, c'est qu'on est une profession intellectuelle, nous avons besoin de nous poser dans un bureau au calme".
Le nouveau palais était ainsi déjà jugé trop petit par les professionnels lorsqu’il était pensé pour accueillir 517 postes à la genèse des travaux. Avec le recrutement de 16 magistrats, 17 greffiers et 9 attachés de justice, la situation se dégrade et le nouveau palais devra faire rentrer 558 postes de travail.
Selon France Bleu Nord, en étroite collaboration avec la chancellerie, la mairie de Lille a assuré, avoir fait des propositions au ministère de bâtiment. "Ça peut être le bâtiment de l'IAE [école de management] (...) dont une aile est inoccupée parce que nécessitant des travaux importants", indique Audrey Linkenheld, la présidente (PS) du groupe majoritaire au conseil municipal de Lille. Ce bâtiment, lui aussi situé sur l'avenue du Peuple Belge, est une solution qui ne déplaît pas à Karine Dosio. "Si c'était le cas, ce serait à bonne distance, on est entre la halle aux sucres et le nouveau tribunal."
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Mais chercher de nouveaux locaux va encore alourdir la facture des travaux de ce projet porté par le cabinet OMA et l’architecte Saison Menu, dont le coût s’élève déjà à près de 100 millions d’euros.