Jeudi 18 janvier, le député Insoumis Adrien Quatennens a adressé ses vœux aux militants de la 1ère circonscription du Nord, ses premiers depuis ses affres judiciaires pour violences conjugales. Il y a expliqué son retour après plusieurs mois de silence. Une prise de parole dénoncée par le collectif féministe NousToutes Lille.
Devant les citoyens et militants de sa circonscription du Nord, le député La France Insoumise-NUPES Adrien Quatennens a adressé jeudi 18 janvier ses vœux pour la nouvelle année. “L’année dernière, des circonstances particulières et douloureuses m'ont privé de ce moment singulier avec vous”, a-t-il indiqué d’emblée dans son discours.
Une référence à sa condamnation, en décembre 2022, à quatre mois de prison avec sursis pour violences conjugales, qui lui avait valu d’être exclu de son groupe parlementaire durant quatre mois, jusqu’en avril 2023. Sa réintégration, finalement approuvée par un vote mais source de division, avait été conditionnée à sa participation à un stage de sensibilisation aux violences sexistes et sexuelles auprès d’une association féministe.
La volonté de tourner la page
“Je reviens de loin, mais je suis là”, a-t-il ajouté à la fin de ses voeux, avançant que le fait d’avoir reconnu ses torts constitue une “force”, ce qu’il a de nouveau évoqué en direct au journal télévisé de France 3 Hauts-de-France, lors de sa première interview pour la chaîne depuis cette affaire.
On dit souvent que les hommes et les femmes politiques gagneraient à montrer qu’ils sont des hommes et des femmes. Il m’est arrivé de commettre des erreurs et celle-là notamment. J’ai compris, j’ai regretté, mais il n’y a une chose que je ne regrette pas, c’est d’avoir été honnête.
Adrien Quatennens
Pourquoi maintenant ? “Parce que du temps est passé [...] et je pense que maintenant, comme tout un chacun, j’ai le droit d’avancer.”
Le collectif NousToutes opposé aux voeux
En amont de cette cérémonie de voeux, le collectif féministe NousToutes Lille s’était exprimé dans un communiqué pour “s’opposer fermement à cet événement qui légitimerait sa posture de député”, jugeant cette fonction “incompatible” avec une condamnation et affirmant que cette réhabilitation “entretient l’impunité des agresseurs en France”.
Dans le Nord et le Pas-de-Calais, au moins 13 femmes ont été tuées par un homme en raison de leur genre en 2023. Dans ce contexte, le collectif estime qu’il est impossible de travailler sur ces thématiques avec un député reconnu pour ces mêmes violences et demande toujours la démission d’Adrien Quatennens. .
L’appel à la participation populaire
Une position dont le député de 33 ans a fait fi. Il a adressé hier un discours d’environ 25 minutes dans lequel il a dénoncé un “gouvernement des riches, par les riches, pour les riches”. Il a énuméré “les prix qui flambent, le froid qui tue dans les rues, le 115 qui chaque jour doit refuser du monde”, et ce dans la 7ème puissance économique du monde, comme il l’a répété plusieurs fois.
Adrien Quatennens a également évoqué le texte sur l’immigration, le “capitalisme vert” et la guerre à Gaza. Tandis que les élections européennes, prévues du 6 au 9 juin 2024, approchent, le député a alerté sur “la pente glissante qui mène le pays dans les bras de l’extrême droite” en appelant à ne pas se résigner et à mettre l’accent sur la participation populaire.