Fan à la curiosité insatiable et inconditionnel de cyclisme depuis son enfance dans l'Avesnois, Francis Taquet sort son Tome 2 de "Les étapes du Tour dans les Hauts-de-France". Entrevue à propos de l'histoire d'amour entre la région et le Tour de France.
Cela remonte au milieu des années 1960. A l'époque, Francis Taquet a six-sept ans quand son père lui fait découvrir "en couleurs" ce qu'est la course cycliste Paris-Bruxelles (course désormais appelée La Bruxelles classique, passée au second plan aujourd'hui). A Jolimetz, dans l'Avesnois, à 400 mètres de la maison, le peloton passe en vrai. Il n'en faut pas plus pour que démarre la passion du jeune Francis. Pendant le Tour de France, le jeune homme se souvient des 10 minutes "immanquables" consacrées chaque soir par l'ORTF, "en noir et blanc" à l'étape du jour. Aujourd'hui, après plusieurs années de recherches d'informations à la Bibliothèque Nationale de France, aux archives départementales et dans différentes bibliothèques, Francis sort le tome 2 de son ouvrage sur les années 1947-1977.
Intitulé "Les étapes du Tour dans les Hauts-de-France", le tome 1 faisait la part belle aux éditions 1906 - 1938. Le tome 3, à paraître dans deux ans, la fera aux années 1978- à nos jours.
Vous voulez la guerre, vous allez l'avoir
Bernard Hinault sur l'étape Liège - Lille en 1980
- Quelle est la plus belle étape que vous ayez vécue dans la région ?
"Il s'agit de Liège (Belgique) - Lille, en 1980. Le temps était abominable, ça devait être une étape tranquille mais les coureurs hollandais ont attaqué et l'équipe régionale de La Redoute a voulu briller sur ses terres. Bernard Hinault, a en substance dit "OK, vous voulez la guerre, vous allez l'avoir". Après plusieurs péripéties, cela s'est terminé par un final face à Hennie Kuiper (Pays-Bas) largement dominé par Hinault, à mon avis le plus grand français de tous les temps, sur le boulevard Jean-Baptiste Lebas à Lille. Malheureusement, le Français a dû abandonner quelques jours plus tard à Pau à cause d'une tendinite provoqué par plusieurs jours d'effort dans des conditions très humides."
Jules Deloffre dans les années 1908-1928... Il faisait un numéro d'acrobatie pour récupérer de l'argent auprès du public et puis après il achetait les pièces et réparait. Il a bouclé sept fois le Tour comme cela sur 14 participations et a terminé premier isolé en 1912.
Francis TaquetFrance 3 Hauts-de-France
- Quels sont vos plus grands champions régionaux sur le Tour ?
"Dans l'ordre chronologique, il y a le roubaisien Charles Crupelandt dans les années 1910, le caudrésien Jules Deloffre dans les années 1908-1928. Il était coureur isolé et non groupé. C'est-à-dire que s'il avait un problème mécanique, il réparait lui-même le soir. Il faisait un numéro d'acrobatie pour récupérer de l'argent auprès du public et puis après il achetait les pièces et réparait. Il a bouclé sept fois le Tour comme cela sur 14 participations et a terminé premier isolé en 1912. Après il y a eu, sans doute, le meilleur de la région : Jean Stablinski, de Thun-Saint-Amand, plusieurs fois champion de France, une fois champion du monde et co-équipier de Jacques Anquetil. Dans les années 1960, il y a aussi Henri Duez de Béthune, il a fait six fois le tour entre 1961 et 1966 et a terminé 14e en 1965. Robert Mintkewicz de Douchy-les-Mines en 1970 qui a terminé deuxième sur les Champs Elysées. Quant à aujourd'hui, je suivrai bien sûr le cambrésien Florian Sénéchal et l'Arrageois Adrien Petit."
- Les Hauts-de-France sont souvent présentés comme une terre où on aime le vélo. Mais pourquoi et dans quelles proportions ?
"Jean Stablinski, le Paris-Roubaix, l'amour des mineurs pour l'effort, la fête populaire que les directeurs d'usine laissaient faire aux ouvriers une heure ou deux le temps du passage du Tour. Cette compétition a effectivement un énorme succès dans la région où depuis 1906, quelque 180 étapes sont passées. Aujourd'hui c'est moins vrai, mais à une époque Lille, Roubaix et Dunkerque étaient presque des passages obligés. Lille comme capitale des Flandres, Roubaix comme arrivée du Paris-Roubaix et Dunkerque comme ville la plus septentrionale. Après, en voulant varier les paysages et en faisant des départs à l'étranger, c'est devenu moins le cas qu'à l'époque où le Tour de France était vraiment le Tour de la France."
A noter. Francis Taquet sera à Dunkerque demain digue des Alliés à partir de 10h00 à Malo-les-Bains et en dédicace à La Librairie, rue Emmery, à partir de 15h30. Il sera le lendemain au village animation de Forest-sur-Marque vers 9h00 et pour toute la journée, pour dédicacer ses livres.