"Les soirées en boîte de nuit ont-elles un réel impact sur les contaminations ?" : les patrons de clubs regrettent leur fermeture jusqu'au 24 janvier

Trois gérants d'établissements de nuit à Lille confient leur désarroi après la décision du gouvernement de les obliger à fermer trois semaines supplémentaires.

Pour la deuxième année consécutive, il ne sera pas possible de passer les premières heures de l'année en boîte de nuit. Fermés depuis le 10 décembre, les clubs le seront au moins jusqu'au 24 janvier, a annoncé mercredi le gouvernement. 

A Lille, les patrons interrogés ne sont pas surpris : "dès lors que la fermeture pour 4 semaines en décembre a été annoncée, nous nous doutions qu'elle allait durer plus longtemps", souligne Michael Gorfinkel, patron du Stairway. "Nous sommes toujours les premiers à fermer et les derniers à ouvrir", formule de son côté Romain Duquesne, à la tête du Baron, dans le quartier de la gare Lille-Flandres. 

"Quand on parle de politique, on ne peut pas choper le Covid ?"

Avec cette nouvelle décision, leur colère a également été renouvelée pour trois semaines. Ils assurent que le protocole sanitaire mis en place à l'entrée de leur établissement protégeait les clients : "nous sommes les seuls à vérifier les cartes d'identité avec la présentation du pass sanitaire et donc d'empêcher la présentation de faux pass", remarque Christophe Savey de La Relève, une boite de la très animée rue Masséna. "Ce sont des vérifications qui prennent du temps et qui sont source de conflits", ajoute-t-il. En conséquence, un de ses collègues embraye : "je ne sais pas si les soirées en boîte ont un réel impact sur les contaminations."

Et sur le mode "pourquoi nous et pas eux ?", le ressentiment grimpe quand ils voient les stades de football et les salles de concerts pleins. Ou dernièrement, lorsque qu'il a été décidé que les meetings politiques pourront se tenir sans jauge : "quand on parle de politique, on ne peut pas choper le Covid ?", questionne ironiquement Christophe Savey. 

Si des aides sont bien prévues pour leur permettre de ne pas fermer définitivement, les trois dirigeants assurent pour l'instant ne pas les avoir touchées : "nous devons avancer les salaires que nous devons à nos employés. Et le problème, c'est que nous n'avons pas de trésorerie", regrette Michael Gorfinkel. "Effectivement, les aides de l'Etat nous permettent de rester à flot et c'est déjà une chance. Mais l'entreprise perd de sa valeur et devient invendable. Aussi, nous ne pouvons pas investir non plus", renchérit Romain Duquesne.

Vers un "super pass vaccinal" pour rentrer en boîte ?

Pour l'instant, la fermeture des boites de nuit tient jusqu'au 24 janvier. Tous ne pensent pas que le gouvernement les autorisera à rouvrir à cette date. A plus lointaine échéance, à quelles conditions pourront-ils ensuite ouvrir ? En Suisse, depuis quelques jours, il faut présenter un pass vaccinal de moins de quatre mois ou un test négatif. Une sorte de "super pass vaccinal" qui pourrait s'appliquer en France et dont les patrons ne veulent pas : "là-bas, avec cette mesure, le chiffre d'affaire des établissements a baissé de 80% (70% selon certains médias suisses, ndlr)", s'alarme Christophe Savey. 

Si les patrons interrogés s'accordent sur les conséquences immédiates de la crise sanitaire, les avis divergent sur l'avenir de leur établissement. Romain Duquesne, 33 ans, voit autour de lui ses amis qui "sortent moins et n'ont plus le réflexe de prolonger les soirées en boîte". Les confinements ont également eu raison de sa vie de bâton de chaise : "moi aussi j'ai pris l'habitude de me coucher tôt"

De la rue Masséna, qui accueille une population étudiante entre 18 et 25 ans, Christophe Savey observe, lui, des jeunes qui font la fête dans tous les sens dans les bars et les appartements privés. Il n'a pas ouvert depuis mars 2020 à cause des confinements successifs puis des travaux qu'il a menés dans son établissement. "Je me vois en mars 2022 fêter deux ans de fermeture", conclut-il.

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