L'association a mis en place une médiation entre le bailleur privé, le locataire et l'État.
Éviter à tout prix que des hommes et des femmes se retrouvent à la rue. C'est la mission que s'est fixé le GRAAL (Groupe de recherche pour l'aide et l'accès au logement), une association basée dans la métropole de Lille.
Alors que la Fondation Abbé Pierre publiait jeudi son rapport 2019 du mal-logement dans les Hauts-de-France (voir encadré), nous sommes allés à la rencontre de Bernard Gaudon, ancien chef cuisinier. Sa petite retraite, l'accumulation de dettes et les loyers non payés ont failli le mener à la rue.
"J’avais un salaire normal, tout se passait bien et quand je suis arrivé à la retraite, c’est descendu vraiment bien ! Beaucoup !" explique-t-il, décrivant un véritable engrenage. "Ça s’est passé comme ça ! On met le doigt dedans et puis un peu à la fois, on y va."
Une médiation
Jusqu'à une procédure d'expulsion, qui aboutit à ce que le GRAAL se penche sur son cas. La structure a mis en place une médiation entre les bailleurs privés et les locataires, en partenariat avec les services de l'État et la Fondation Abbé Pierre."L'idée, c’est réellement de se dire : ‘Plutôt qu’il y ait un passage à la rue qui va dégrader la personne, est-ce qu’on peut pas tout de suite intervenir dans le logement pour lui éviter ce passage" souligne Melvine Laurencin, coordinatrice au sein du GRAAL, "et soit lui permettre un maintien, soit lui permettre d’être relogé et du coup d’accéder à un nouveau logement qui sera adapté à ses ressources, à sa composition familiale, etc."
Dans le cas de Bernard Godon, dont les relations s'étaient trop dégradées avec son propriétaire, la décision a été de lui trouver un nouveau logement. Aujourd'hui, ce dernier est reconnaissant : "Cest une bouée de sauvetage ! Le GRAAL ça m’a sorti d’une merde noire !" Car sans l'association, le retraité estime qu'il vivrait "dans ma voiture… sur un parking, quelque part."
Les chiffres du mal-logement
Le rapport 2019 de la Fondation Abbé Pierre nous apprend que dans les Hauts-de-France :- 200 000 logements du parc privés sont considérés comme potentiellement "indignes"
- 1 118 000 personnes vivent sous le seuil de pauvreté
- 506 dossiers de surendentement sont en cours pour 100 000 habitants, soit 50% de plus que la moyenne en France.
- 14 385 persones ont été assignées au tribunal pour des expulsions locatives, dont 10 816 ont été expulsés.