Les chefs lillois du collectif La Belle Équipe ont décidé d’ouvrir leurs carnets de commande pour le 15 mai, date annoncée par le président de la République comme début de sortie de crise. Une décision symbolique pour alerter sur leurs besoins de visibilité et de dialogue avec l’État.
"Il y a un an, tout le monde parlait du monde d’après. Aujourd’hui, c’est devenu la normalité. Le président de la République dit qu’il faut apprendre à vivre avec ce virus. Allons-y, nous les restaurateurs, nous sommes prêts !", interpelle le restaurateur lillois Benoît Bernard.
Membre du collectif La Belle Équipe, qui réunit une dizaine de chefs de la métropole lilloise, il a décidé avec ses confrères d'anticiper : ouvrir les réservations de leurs établissements pour le 15 mai. Une date synonyme de sortie de crise, annoncée du bout des lèvres par Emmanuel Macron, lors de son allocation, le mercredi 31 mars dernier.
"Ça devient vital. Maintenant il faut remettre la machine en marche : pour nos équipes, pour nos fournisseurs et pour notre moral. Ce n’est même plus une question financière !", continue, la voix tremblante, le chef des Toquées.
Le besoin d’un dialogue avec le gouvernement
Après plus de sept mois de fermeture, c’est tout un mécanisme à remettre en route. Il va falloir compléter les équipes après la démission de certains employés, nettoyer le jardin et le restaurant, rappeler les fournisseurs pour qu’ils se préparent. Le chef estime que pour son hôtel-restaurant, situé sur les bords de la Deûle, il faudra au moins une semaine de préparation.
Il y a quelques semaines, à 51 ans, Benoît Bernard a eu un coup de blues. Cette grande remise en question l’a poussé, avec ses collègues, à aller de l’avant. "Je n’ai plus de temps à perdre. Je suis quelqu’un de très libre, pourtant c’est la première fois que je me sens prisonnier", explique le chef.
En discutant avec ses confrères restaurateurs, le Lillois avait l’impression que plus personne n’y croyait "même entre nous, on ne parlait plus de la réouverture". La perspective de servir à nouveau a remotivé les brigades. Ils attendent de pied ferme la prochaine étape : dialoguer avec le gouvernement pour pouvoir organiser correctement l’ouverture de leurs terrasses, dans des conditions sanitaires adéquates. "On le répète : on veut être des bons élèves !", martèle Benoît Bernard.
"Aujourd’hui, j’ai l’impression d’être un mourant. Nous ce qu’on veut c’est des sourires, des rires et de la musique en salle"
Les restaurateurs le savent, "il y aura une telle demande qu’il faut prévoir !". Sans surprise, les clients ne se sont pas fait prier. Dès l’annonce de l’ouverture des réservations, Benoît Bernard a reçu un message : une demande pour cinq personnes, dès le 15 mai. "J’ai sorti mon agenda 2021 pour la première fois et je l’ai notée !", raconte-il avec émotion.
Le collectif le sait, pour le moment rien n’est sûr concernant la mi-mai. Tout dépendra de l’évolution de la crise sanitaire, à la suite du confinement. "Si la réouverture n’est pas autorisée à la mi-mai, on annulera. Le but ce n’est pas d’ouvrir coûte que coûte", certifie le co-fondateur de La Belle Équipe.
Cette nouvelle étape dans le calendrier symbolise un nouveau souffle pour ces professionnels qui ont besoin de retrouver l’essence de leur métier. "Aujourd’hui, j’ai l’impression d’être un mourant. Nous ce qu’on veut c’est des sourires, des rires et de la musique en salle". Cinq semaines les séparent encore du 15 mai. Une date qui paraît loin et pourtant, elle est porteuse d’espoir pour toute une profession qui veut voir se terminer ce jour sans fin.