Lille : du sursis requis contre trois membres de l'ultradroite, filmés frappant une adolescente dans "Generation Hate"

Les trois hommes avaient été filmés par un journaliste d'Al Jazeera, qui s'était introduit en caméra cachée au sein du bar La Citadelle, à Lille.

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"C'est une expédition punitive" : entre trois et cinq mois de prison avec sursis ont été requis mardi contre trois hommes, mis en cause par un reportage sur l'ultradroite à Lille, jugés notamment pour violences sur une adolescente désignée comme maghrébine.Les trois prévenus, qui se connaissent, comparaissaient suite à la diffusion, fin 2018, d'un documentaire de la chaîne qatarie Al-Jazeera intitulé "Generation hate", filmé en caméra cachée par un journaliste infiltré pendant six mois dans la mouvance d'ultradroite Génération identitaire et le bar privé La Citadelle.

"Une grande partie du reportage est consacrée aux liens entre Génération identitaire et le Front national, sur le fait que des élus passent de l'un à l'autre, rendent visite à ce bar. Ce n'est pas l'objet des débats", a souligné en préambule le président du tribunal correctionnel, Ludovic Duprey. 

Sur les images du reportage, on voit les trois prévenus à la sortie d'un bar, un soir de janvier 2018. Le ton monte avec un autre groupe. Les mains gantées, Rémi F. donne plusieurs coups à la tête d'une adolescente de 14 ans désignée comme maghrébine. Dans un autre extrait, il  se vante de ces coups contre cette "arabe"."Oui c'est une expédition punitive", estime la procureure Laura Galant, requérant cinq mois de sursis probatoire. La victime est frappée "en raison de sa religion supposée", insiste l'avocat de SOS Racisme, Nicolas Nef Naf.

"Un début de haine", pour l'un des accusés

À la barre, Rémi F. a affirmé s'être "défendu" d'une fille "virulente". "(J'ai été victime) d'une agression (à l'automne 2017) commise gratuitement par trois Nord-Africains (...) Ça a engendré en moi un début de haine", a lâché le prévenu, avançant que lors des faits il n'était "pas très bien" et cherchait à s'"intégrer quelque part".

Il adhère à la Citadelle, où il va "plusieurs fois par mois", "pour la culture flamande" et "boire des bières". Rémi F. est également poursuivi pour avoir évoqué, dans ce bar, une attaque à la voiture bélier sur une "mosquée" ou contre le marché d'un quartier populaire de Lille, Wazemmes. 
"J'étais complètement ivre. J'ai voulu me faire mousser", dit-il, soutenant ne pas se retrouver dans les idées de lutte contre le "grand remplacement" promues par GI. 

"Un reportage télé n'est pas forcément la réalité (...) ce n'est pas parole d'évangile", a répété son avocat Eric Cattelin-Denu, par ailleurs candidat Rassemblement National à Lille aux dernières élections municipales.

"De la déconne"

Le soir de l'agression, le journaliste infiltré rejoint dans un bar Etienne V., qui le salue en lançant des "Sieg heil", trinquant au IIIe Reich, se gargarisant d'avoir tagué des croix gammées en Allemagne.

 

"C'est de la déconne", justifie le trentenaire, aux larges épaules, également poursuivi pour  "provocation publique à la haine ou la violence", répétant avoir "honte" de paroles tenues "sous l'emprise d'alcool". "Des conneries" qui ne lui "ressemblent pas".

"Je ne me situe pas dans un mouvement politique", dit ce chef de rang dans un hôtel au Luxembourg. La procureure a requis cinq mois de prison avec sursis probatoire également.

Un dossier "empreint de racisme, de xénophobie"

Au moment de l'agression, Guillaume D., au passé militaire et ex-membre de GI "pendant un mois", était videur dans un bar voisin. Il a utilisé sa "gazeuse" sur l'adolescente pour "séparer" les deux groupes. Le parquet a requis trois mois de sursis contre lui.  

"Il y a une réalité évidente dans ce dossier, il est empreint de racisme de xénophobie, ça on ne peut pas le nier", affirme Me Nora Missaoui, représentant l'association Identité plurielle.

Les trois prévenus disent avoir tiré un trait sur Génération identitaire et La Citadelle. Jugement le 15 décembre. 
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