Le retrait de la candidature de la citadelle de Lille au patrimoine de l'Unesco continue d'agiter la vie politique lilloise. Une vive passe d'armes à ce sujet a marqué le conseil municipal, ce vendredi 11 décembre.
Fallait-il retirer la candidature de Lille à l'inscription au patrimoine mondial de l'Unesco de sa citadelle Vauban ?
Voilà la question qui divise les élus lillois depuis la mi-novembre. Une vive passe d'armes à ce propos a opposé la maire Martine Aubry à ses ex-alliés verts lors du conseil municipal de Lille, conclu dans la nuit de vendredi à samedi 12 décembre.
Les Verts en première ligne de la fronde
Les Verts, qui avaient talonné Mme Aubry lors des municipales de juin, ont déposé un voeu pour réclamer la reprise du projet d'inscription, abandonné fin octobre par la mairie de Lille.
"Après 15 ans de travail, vous avez pris la décision de retirer la candidature au classement au patrimoine mondial. Ce classement est pourtant un formidable outil pour mettre en valeur, garantir la restauration et s'inscrire dans un réseau de forteresses Vauban", a dénoncé l'écologiste Stéphane Baly, arrivé second aux dernières élections.
"Vos arguments changent au gré des vérifications et sont au minimum hasardeux, bien souvent mensongers"
Pas de classement pour la "reine des citadelles"
Baptisée par Vauban la "reine des citadelles", la fortification, proche du centre-ville, est un des monuments majeurs de Lille. La ville entendait rejoindre 12 autres sites français du célèbre ingénieur de Louis XIV inscrits au patrimoine mondial de l'Unesco, mais a finalement retiré fin octobre sa candidature auprès du "Réseau Vauban", l'association qui regroupe ces sites et instruit les dossiers de demande d'inscription auprès de l'Unesco.
En 2008, un projet d'inscription de la citadelle au patrimoine de l'Unesco avait déjà été abandonné à cause de l'installation de militaires dans l'enceinte. Une nouvelle candidature avait donc été déposée en 2017 par la mairie et la métropole européenne de Lille (MEL).
"Un équilibre entre le patrimoine et l'évolution de la ville"
Si elle s'est excusé de n'avoir pas informé en amont la maire EELV de Besançon qui préside le réseau Vauban, Martine Aubry a campé sur sa position.
Les conditions posées pour une inscription et la "vision patrimoniale stricte des experts" portent atteinte "à l'évolution de la ville telle que nous la voyons", a-t-elle affirmé, revendiquant la nécessité de "trouver un équilibre entre le patrimoine et l'évolution de la ville, les mobilités douces".
La procédure Unesco aurait imposé une "zone tampon" de 94 hectares autour de la citadelle. Selon la mairie, cette zone aurait compromis des projets de tramway, et aurait conduit à "abattre des arbres" pour rendre sa visibilité au monument alors que la "citadelle est la poumon vert de Lille", a argumenté Marie-Pierre Bresson, adjointe à la Culture.
"Nous ne voulons ni ne pouvons satisfaire aux exigences des experts"
Autre adversaire de Mme Aubry aux municipales, son ex-directrice de cabinet Violette Spillebout, candidate soutenue par LREM, avait également fustigé une décision "susceptible de porter un grave préjudice au rayonnement culturel et à l'attractivité internationale" de la métropole. Stéphane Baly a indiqué qu'un courrier serait prochainement adressé à la ministre de la Culture pour l'alerter sur ce dossier.
La citadelle de Lille est par ailleurs classée comme monument historique et le restera. L'inscription au patrimoine mondial de l'Unesco n'est pas une protection juridique, mais un label.