Mal-logement, expulsions : 45 associations dont la fondation Abbé Pierre appellent à la mobilisation

45 associations qui luttent pour le droit au logement ont lancé un appel à se réunir face à la gare Lille Flandres, à 16h30. Elles alertent sur un nombre insuffisant de places d'hébergement, alors que plus de 3000 personnes sont à la rue dans la métropole lilloise.

"Oui, ça devient plus compliqué au fil des années : moins d'hébergements, plus de difficultés pour y accéder... Et il n'y a pas grand-chose de fait. On essaie de vider l'océan à la petite cuillère ! Pendant ce temps, les gens se fatiguent et s'abîment." 

Depuis 12 ans, Frédéric Ilunga, éducateur de rue pour l'Abej Solidarité, une association qui assure des maraudes dans la métropole. Le but des maraudeurs, c'est d'établir un contact avec les personnes sans-domicile isolées, éloignées des dispositifs d'accueil. Et plus les années passent, plus leur travail se complique.

Ce 26 janvier, Abej Solidarité et 44 autres associations se sont donné rendez-vous de 16h0 à 18h30, en face de la gare Lille Flandres, "pour relayer le cri de l'Abbé Pierre"

Selon l'association éponyme, qui a historiquement combattu le mal-logement et les expulsions, "plus de 3000 personnes sont à la rue, en squat ou en bidonville dans la métropolie lilloise". Selon Lille Actu, en 2022, seules 1% des demandes d'hébergement faites auprès du Samu Social ont abouti. 

70 ans après, l'appel de l'Abbé Pierre toujours d'actualité

"Tous les jours, dans les lieux d'accueil de la métropole, les associations locales rencontrent des personnes privées de domicile à qui le 115 ne peut pas apporter de réponse positive" écrivent les militants qui "refusent que cette situation devienne banale"

En 1954, c'est l'Abbé Pierre lui-même, prêtre, résistant, député et homme engagé, qui lance à la radio un appel devenu célèbre. La France traverse alors l'un de ses hivers les plus rigoureux, avec des températures qui descendent jusque -25°C.

"Mes amis, au secours. Une femme vient de mourir gelée cette nuit, à 3h, sur le Boulevard Sébastopol, serrant sur elle le papier par lequel, avant-hier, on l'avait expulsée" entame Henri Grouès, devenu célèbre sous son pseudonyme de résistant. 70 ans plus tard, ses mots résonnent encore. Selon le collectif "Morts de la rue", au moins 449 personnes sans-domicile fixe sont mortes en 2022. Une majorité n'avait pas atteint la cinquantaine.

La loi de plus en plus dure à l'égard des "squatteurs"

Pour ces associations, le contexte politique rend encore plus grande la nécessité de se faire entendre. Le 2 décembre, l'Assemblée Nationale a adopté en première lecture la proposition de loi "visant à protéger les logements contre l'occupation illicite". Même si le texte a été amendé par le Sénat ce 26 janvier, l'essence du texte et les critiques qui lui sont portées restent les mêmes. 

"Ce texte de loi était présenté initialement comme une défense des petits propriétaires face aux risques de squat de domicile. Il s’attaque en réalité aux situations de squats de tous les locaux vides ou presque, y compris des locaux "à usage économique" abandonnés (bureaux, hangars, entrepôts), ainsi qu’aux locataires condamnés à l’expulsion, en menaçant ainsi des dizaines de milliers de personnes victimes de la crise du logement de peines allant de six mois à trois ans de prison" dénonce la fondation Abbé Pierre. 

Si la loi est adoptée, les personnes qui se réfugient dans des locaux vides pour des questions de survie pourraient être punies de deux ans d’emprisonnement et de 30 000 euros d’amende. "Rappelons qu'en France, près de 5 000 personnes (dont 1 000 enfants) appellent en vain le 115 chaque soir. (...) . Il nous semblerait plus opportun de lutter contre les 3 millions de logement vacants, d’augmenter les moyens de la Justice ou encore à mettre en place une vraie garantie des risques locatifs."

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