Marche des fiertés dans les Hauts-de-France : "Des jeunes se font encore foutre sur la gueule pour leur orientation sexuelle"

A partir de ce samedi 4 juin, les diverses associations LGBT+ organisent localement leurs Marches des Fiertés. L'événement est festif, mais reste une manifestation pour les droits des minorités sexuelles et de genre, tant chez nous qu'à travers le monde.

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Un combat qui, une fois par an, s'habille de fête : à partir de ce 4 juin se tiendront à travers tous les Hauts-de-France des Marches des Fiertés, organisées par les associations locales. C'est Lille qui ouvre le bal le 4 juin, avec un départ de cortège à 14h Place de la République. Dans la capitale des Flandres, la Pride est une institution : la première Marche a eu lieu en 1996. De nombreux bars, restaurants et boutiques sont partenaires de l'événement, et un village associatif sera installé place de la République.

A Lille, déjà 25 ans de Marche des Fiertés

La ville de Lille prête également son concours à l'organisation, en régulant la circulation sur le parcours et les lieux de fête, et en assurant la sécurité de l'événement. Le 4 juin, marque d'ailleurs le dernier jour d'une exposition " 20 personnalités LGBTQIA+ ", hébergée dans le hall de l'hôtel de ville. 

La Marche des Fiertés lilloises est donc un événement culturel bien implanté, où se joignent régulièrement de nombreux fêtards et allié.e.s de la cause. Mais les Pride sont avant tout un lieu de combat politique et social, un haut moment symbolique de la lutte contre les discriminations. PMA pour tous, liberté des parcours médicaux pour les personnes trans, accueil des réfugiés, abrogation de la loi pénalisant les clients des travailleurs et travailleuses du sexe...  La communauté LGBT+ lutte pour ses droits et n'oublie pas ceux des autres, comme en témoigne l'édito de l'organisateur, Fiertés Lille Pride. " Toi qui pense vivre dans une Europe protectrice grâce à ses lois, pense aux personnes qui endurent dénonciations, oppressions, brimades, outing sur les réseaux sociaux parce que LGBTI+ ", peut-on par exemple y lire.

Depuis 1996, de nombreuses autres Pride ont fleuri dans les Hauts-de-France. En 2022, des Marches des Fiertés auront lieu à :

  • Arras, le 11 juin
  • Saint-Quentin, le 18 juin, dont c'est la toute première Pride
  • Amiens, le 2 juillet 
  • Anvers (Belgique), le 13 août

" Il reste des endroits où être LGBT est un crime "

A Amiens, c'est seulement la quatrième année de la Marche, mais elle a rassemblé chaque année entre 2000 et 2500 personnes, un beau succès pour l'association amiénoise Flash Our True Colors, membre du collectif organisateur. En Picardie aussi, on n'oublie pas que la danse, le chant, le spectacle, sont au service de droits à défendre. "Malgré les avancées en faveur des personnes LGBTQI+, il y a encore malheureusement de la discrimination. A Amiens, en novembre dernier, il y a eu une agression homophobe dans le seul établissement LGBT de la ville, et notre association a été touchée également, rappelle son co-président, Renaud Stephan. Et il faut aussi se souvenir que, s'il y a eu des avancées dans notre pays, il reste des endroits où être LGBT est un crime, passible de prison ou de mort. Parmi nos adhérent.e.s dans l'association, nous avons beaucoup de demandeurs d'asile qui ont dû fuir leur pays à cause de leur sexualité ou de leur genre."

Dans les rues d'Arras, on marche pour la 9ème année consécutive. Si la Marche se tient le samedi 11, l'association Fiertés Pas-de-Calais a prévu une semaine complète d'animations et d'événements, aussi bien en présentiel que sur ses plateformes numériques. Pièces de théâtre, soirées thématiques, concerts, projections, Pride Village, actions de prévention mais aussi une exposition autour de la Charte contre les discriminations, rédigée par les élèves du collège Diderot, où l'association est intervenue tout au long de l'année.

La Marche des Fiertés, aussi un moment de "commémoration"

Là encore, son président Romain Hecquet est clair sur la vocation de cette semaine de festive. "Nous sommes dans une année électorale, c'est aussi l'occasion de faire un bilan et rappeler au président ce qu'il reste encore à voir, les droits qu'il nous reste encore à acquérir. Il y en a encore pas mal, c'est un très long combat. Les discriminations ont explosé post-covid, et beaucoup de jeunes se font encore foutre sur la gueule pour leur orientation sexuelle parce qu'elle n'est "pas dans les normes", qui se font mettre hors de chez eux parce qu'ils ont décidé d'aimer une personne."

"C'est aussi un moment culturel, de commémoration notamment des émeutes de Stonewall, c'est très important, rappelle Romain Hecquet. C'est même la base. Nous pensons aussi aux Ukrainiens et Ukrainiennes qui cette année ne pourront pas célébrer leur Fiertés. Nous sommes solidaires, avec eux." 

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