Des formations politiques et des journalistes locaux ont manifesté leur soutien sans équivoque aux salariés et à la rédaction de la Voix du Nord. Le quotidien emblématique est visé par un plan social qui prévoit 105 suppressions de postes.
Institution historique de la région, la Voix du Nord a couvert sans faillir les nombreuses crises sociales du territoire. Aujourd'hui, c'est leur tour. Malgré le chiffre d'affaires de 118,7 millions d'euros en 2021, les salariés du quotidien sont visés par un plan social dit "de compétitivité économique" qui vise, par anticipation, à préserver l'avantage compétitif que détient toujours la Voix du Nord.
Selon l'intersyndicale formée pour l'occasion, de nombreux blocages persistent au sein de ce plan social. Purge des effectifs des bureaux de Calais et de Roubaix-Tourcoing, embauche de "rédacteurs" rémunérés sous la grille salariale des journalistes et départ des salariés nés à partir de 1965 sont les principaux points de crispation. 105 postes sont menacés, pour 50 créations d'emplois envisagées.
Le 17 janvier, la rédaction a voté à une large majorité une motion de défiance contre sa rédaction en chef et son actionnaire majoritaire, le groupe Rossel.
"Un beau journal qui subit un plan social brutal"
Depuis ces annonces, des voix se sont élevées pour soutenir cette rédaction emblématique. L'élu écologiste Stéphane Baly a été l'un des premiers à réagir publiquement. "Défendons des moyens pour faire vivre la presse locale, pour les salariés, pour notre démocratie, écrit le président de Lille Verte sur Twitter. Soutien aux salariés de la Voix du Nord." Son collègue Jérémy Crepel lui a emboîté le pas.
Parmi les politiques qui sont également montés au créneau, on retrouve l'élu de la France Insoumise David Guiraud. "Tout mon soutien aux salariés du journal La Voix du Nord, un beau journal qui subit un plan social brutal. Sur les 55 emplois supprimés, ce sont les plus âgés, nés à partir de 1965, qui peuvent se retrouver sur le carreau. Vous reprendrez bien un peu de réforme des retraites ?" ironise le député, joignant le soutien aux journalistes et le combat contre la réforme du gouvernement, qui arrive au Parlement le 6 février.
Le groupe France Insoumise-NUPES a d'ailleurs signé un communiqué cinglant accusant l'actionnaire Rossel d'être un "profiteur de crise". "Le groupe Rossel La Voix a reçu près de 2,6 millions d'euros d'aides publiques en 2021, soit plus de 5 millions d'euros d'aides depuis le début de la pandémie de Covid-19", s'indignent les Insoumis. La formation politique appelle le groupe à renoncer purement et simplement à son plan social, au vu des bénéfices dégagés.
Les journalistes locaux montrent leur solidarité
Le milieu journalistique est également largement mobilisé autour des salariés de la Voix. "Grosses pensées aux collègues de La Voix du Nord en plein cauchemar. Plan de casse sociale d’une ampleur inédite" écrit par exemple Michel Picard, rédacteur en chef de RCF Nord.
Le photojournaliste Louis Witter, auteur des photos devenues virales montrant des agents publics lacérer des tentes à Calais, a dénoncé une décision à rebours de l'actualité locale.
Laurent Mazure, correspondant AFP à Lens a lui regretté cette casse sociale à l'oeuvre dans plusieurs médias : "Tout mon soutien aux confrères concernés, et à ceux qui devront faire toujours plus, en ayant toujours moins ! Tel est le chemin choisi par les décideurs de la presse."
Les salariés de la Voix du Nord attendent une seconde mouture du plan social avant de décider de la poursuite d'actions sociales telles que la grève.