Les salariés de la Voix du Nord, institution de la presse locale, sont visés par un plan social dit de compétitivité économique. 105 suppressions de postes sont prévues pour 50 embauches. La rédaction a voté ce 17 janvier une motion de défiance contre sa rédaction en chef ainsi que les actionnaires majoritaires.
C'est une institution de l'information locale, et l'une des rares rédaction papier à dégager des bénéfices continus depuis des années. La Voix du Nord a réalisé un chiffre d'affaires de 118,7 millions d'euros en 2021, en nette augmentation par rapport à 2020. Pourtant, le quotidien est en crise. La direction du titre régional a présenté le 16 janvier un plan social prévoyant la suppression de 105 postes pour 50 créations d'emploi.
Une motion de défiance votée "à une large majorité"
La CGT, le SNJ, la CFDT et la CFE-CGC, soit l'ensemble des syndicats représentés au journal, ont formé une intersyndicale, qui conteste vivement la philosophie et l'exécution de ce plan social.
Celui-ci vise ouvertement à maintenir la compétitivité du groupe - impacté comme de nombreux autres par la hausse des prix - sans préciser de projet éditorial. Actuellement, la rédaction du journal, qui compte 580 salariés, dont 310 journalistes est largement opposée à ce plan social.
"Nous avons tenu ce matin une assemblée générale de la rédaction, auquel ont participé plus de 200 personnes. Cette assemblée, à l'issue d'une réunion officielle d'ouverture du plan social, nous a signifié son souhait de voir la direction revenir vers nous avec une nouvelle mouture de son plan social", détaille Bertrand Bussière, représentant syndical SNJ.
"Une motion de défiance a été votée à une large majorité à l'encontre du directeur de la rédaction, du rédacteur en chef et de l'actionnaire majoritaire, à savoir le groupe Rossel."
Bertrand Bussière
Un manque de solidarité des actionnaires
Le chargé des négociations estime que la rédaction passe là un message fort. "Nous allons vivre une année compliquée et il n'y a pas de volonté des actionnaires de réduire temporairement leurs bénéfices pour protéger la rédaction" dénonce-t-il.
Les points de blocage sont "nombreux", estiment l'intersyndicale mais trois points de ce plan social ont particulièrement crispé les salariés. D'abord, l'embauche de "rédacteurs", un statut jusque-là inexistant et rémunérés bien en-deçà de la grille salariale des journalistes. "Ce sont des gens qui vont travailler à des horaires fixes et qui vont être affectés à des tâches autrefois exercés par des assistants, avec des bas salaires" détaille Bertrand Bussière. Une inégalité que la rédaction ne souhaite pas accepter en son sein.
L'autre point saillant, c'est la "purge" des effectifs des antennes de Roubaix-Tourcoing et surtout de Calais, malgré la très dense actualité autour de la ville. "L'antenne de Calais ne disparaît pas en tant que tel, mais c'est tout comme, le bureau est largement purgé de ses effectifs et en sera amoindri" anticipe le délégué syndical.
Le plan social est également critiqué pour viser plus particulièrement les salariés seniors, nés jusqu'en 1965. "Cela contrevient complètement à la réforme des retraites en cours, qui justement serait censée maintenir en emploi les salariés les plus âgés", note Bertrand Bussière.
La rédaction attend une nouvelle copie du plan social avant d'envisager une grève ou d'autres modes d'action sociale. Contactée par France 3, la rédaction en chef n'a pas donné suite.