Un pylône de télécommunication a été incendié ce 30 décembre près de Mâcon. 800 000 abonnés sont concernés par une coupure de la TNT et du réseau téléphonique, dans une large zone allant de Chalon-sur-Saône au Lyonnais en passant par la Bresse. Le directeur du réseau TDF répond à nos questions.
C'est un incident de grande ampleur qui touche 800 000 abonnés télé et téléphone dans le Sud-Bourgogne, la Bresse et le Beaujolais. Un pylône de télécommunication a été incendié, vraisemblablement volontairement, dans la nuit de ce 30 décembre. Patrice Bargas, directeur régional Sud-Est de TDF (Télédiffusion de France), répond à nos questions.
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► Quels services sont touchés ?
Patrice Bargas : "Le site qui a été incendié diffusait à la fois des services audiovisuels pour la radio, la télévision, et hébergeait également des opérateurs télécom Bouygues, Orange, Free et SFR.
Les services impactés sont les chaînes de la TNT, en particulier le multiplex GR1. Cela concerne les chaînes du groupe Freance Télévisions [dont France 3 Régions), également France 2 en Ultra HD ainsi qu’un autre multiplex englobant les chaînes du groupe Canal, LCI et Paris Première.
Il n'y a plus de service sur un bassin de population d'environ 800 000 habitants pour ces chaînes de télévision, sur Mâcon, Bourg-en-Bresse, une partie de Villefranche-sur-Saône et de Chalon-sur-Saône.
La téléphonie mobile, avec les 4 opérateurs, est également impactée avec des perturbations sur les services télécom. La partie diffusion radio, en revanche, n'a pas été touchée dont le service est toujours assuré."
► Comment se déroulent les opérations et quel délai faut-il prévoir pour un rétablissement des services ?
Patrice Bargas : "Nous allons faire les travaux en deux temps :
- D'abord, assurer le rétablissement provisoire. On est en train d'acheminer le matériel pour ce faire. On espère que les services de diffusion TV puissent être rétablis au mieux entre 24 et 48 heures.
- Ensuite, assurer les travaux de décontamination, car le pylône a été pollué par la fumée et les résidus d'incendie, et ensuite seulement on pourra faire une réparation définitive.
Cela dépend de ce que l'on va trouver sur place. Il faut aussi qu'on mobilise des équipes pour intervenir dans cette période de congés... Cela demande énormément de personnel mobilisé. Cela peut prendre un peu plus de temps. Il est difficile, aujourd'hui, de donner une date formelle de rétablissement."
► La piste de l'incendie volontaire est largement privilégiée, selon vous ?
Patrice Bargas : "Effectivement, le caractère volontaire de l'incendie ne fait aucun doute. On trouve des traces d'effraction sur le site [le grillage a été "soigneusement découpé depuis l'extérieur", ajoute TDF dans une note aux services]. Le mode opératoire paraît indiquer clairement le caractère intentionnel et malveillant.
Les forces de l'ordre étaient là dès ce matin pour constater et faire des relevés. Quand à savoir qui peut être derrière ce type d'acte malveillant, il est difficile de se prononcer."
► Ce n'est pas la première fois que des postes de télécommunication sont visés par des incendies volontaires, parfois revendiqués par des groupuscules.
Patrice Bargas : "En effet, on a déjà vu ce type d'attaques chez nous sur d'autres sites, et chez d'autres opérateurs télécom. Cela peut être des activistes qui dénoncent la 5G, des personnes qui ne souhaitent pas l'installation de tel ou tel service, une manière d'exprimer une forme d'opposition...
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On rappelle tout de même que d'une part, les dégâts sont importants, mais que d'autre part on prive la population de télévision. On peut dans certains cas la priver de service radio, et surtout, en coupant les télécoms, on vient perturber et donc rendre inaccessible les services d'appels de secours et d'urgences, avec l'impossibilité de joindre le Samu, les pompiers, etc. C'est extrêmement grave. Les accusés, quand ils sont pris et se retrouvent devant un tribunal, peuvent être lourdement condamnés.
Il y a des individus qui sont très bien renseignés, qui connaissent la manière de pénétrer sur un site en un laps de temps réduit, de s'introduire et de contourner certaines dispositions que l'on prend pour retarder leur intrusion."
► Avec Muriel Bessard