Les fans de Téléphone ont réservé un accueil plus qu'enthousiaste vendredi soir aux "Insus?", le nom adopté par Jean-Louis Aubert, Louis Bertignac et Richard Kolinka pour faire revivre le groupe phare du rock français des années 1980.
"Bonsoir. On avait oublié de vous dire au revoir... Et merci !", lance Jean-Louis Aubert, juste après "Crache ton venin", premier morceau asséné par ce Téléphone version 2015 qui s'est présenté sur les coups de 21H15 sur la petite scène du Point Ephémère, dans une salle surchauffée où s'étaient entassés quelque 300 spectateurs.
Aubert et Bertignac, tout sourire avec leurs amplis branchés à fond, occupent le devant de la scène, avec derrière eux le batteur Richard Kolinka frappant toujours aussi fort sur ses fûts.
Le public pourrait se croire revenu 30 ans en arrière s'il n'y avait cette petite différence à la basse: "Alex" (Aleksander Angelov), bassiste ayant déjà oeuvré aux côté d'Aubert et relégué dans un coin de la scène, a pris la place de la grande absente du jour, Corine Marienneau, écartée de ces retrouvailles.
Le groupe enchaîne les tubes: "Argent trop cher" qu'Aubert présente comme une chanson "un peu autobiographique", "La bombe humaine", "Cendrillon" avec cette fois Bertignac au chant, "New York avec toi". Sur "Un autre monde", les deux guitaristes oublient qu'ils sont désormais de vénérables sexagénaires et semblent plus jeunes que jamais, tombant à genoux sur la scène comme à la grande époque.
"Vous êtes contents? Nous aussi je crois...", glisse Bertignac qui aspire quelques bouffées de sa cigarette électronique entre les morceaux.
Dans la salle, où Patrick Bruel ou l'animateur Nagui se sont glissés parmi le public, les spectateurs, quadra ou quinqua pour la plupart, ont eux aussi l'impression de retomber en adolescence.
Une reformation durable ?
"J'ai rajeuni de 30 ans. Ça devrait être remboursé par la sécu...", glisse Christian Garnier, un fan de la première heure ravi de revoir sur scène un groupe qu'il a déjà eu l'occasion de voir au milieu des années 1980."Téléphone, on a beaucoup écouté mais on a surtout beaucoup dansé dessus... Quand on avait quinze ans, en rock français, il n'y avait que Noir Désir et Téléphone...", estime un autre spectateur, Pierre-Olivier Bouché, qui, comme de nombreux spectateurs du soir, regrettaient l'absence de Corine à la basse.
Est-ce la chaleur ? Le quatuor a semblé perdre un peu le rythme quand sont venus les rappels, ne jouant finalement pas "Ça, c'est vraiment toi" ni "Hygiaphone", pourtant inscrits sur la liste initiale des morceaux. Qu'importe, le public n'a pas boudé son plaisir et réservé une longue ovation à ces nouveaux "Insus?" au terme d'une véritable "boum" d'1h45.
Préparée dans le plus grand secret, la reformation du groupe sous un nouveau nom avait été éventée la semaine dernière par RTL. Les "Insus?" ont annoncé un second concert, dès mardi à Lille, où les 900 places du Splendid devraient là aussi être toutes occupées.
Simple "coup" ou vrai retour durable de Téléphone, sous un autre nom, alors que 2016 marquera le 40ème anniversaire de sa constitution et que vont paraître une intégrale et un album hommage aux tubes du groupe ? Les intéressés ont gardé le mystère même si Aubert a eu cette petite phrase : "Quand on va savoir les chansons, ça va être dingue..."
Ce concert surprise marque en tout cas une étape de plus vers la reformation de ce groupe, actif entre 1976 et 1986, qui a vendu quelque 6 millions d'albums. Plusieurs tentatives, notamment en 1999 puis en 2010 n'avaient pas abouti, notamment en raison des dissensions existant avec la bassiste.