Dans les Hauts-de-France, le nombre d'élèves contaminés au coronavirus est en hausse. Alors parents et professeurs s'interrogent sur la levée du port du masque, actée par le dernier protocole sanitaire.
(Re)découvrir les visages de ses camarades de classe et professeurs. Une joie pour de nombreux élèves depuis que le port du masque a été levé, il y a deux semaines.
Mais selon le dernier bilan de l’Académie de Lille, publié le 25 mars, le nombre d’élèves positifs au covid-19 continue de croître : 5 685 élèves ont été contaminés au covid-19, soit une augmentation de 602 cas en l’espace d’une semaine.
Même constat dans l'Académie d'Amiens où 3 893 élèves ont été testés positifs au coronavirus, soit 1 493 cas de plus que la semaine précédente.
Le masque : un sujet qui divise les parents d'élèves
Devant l'école primaire Sophie Germain, à Lille, une mère se dit suffisamment "rassurée, par rapport à la logistique de l’école". Mais pour d'autres, le masque a été enlevé trop tôt. "Il y a eu beaucoup de restrictions et là d’un coup, d’un seul, on a tout retiré. Mon fils a eu du mal à le retirer, il a même peur parfois quand il y a trop de monde en classe."
Parfois, ce sont les enfants eux-mêmes qui ont choisi : "Il est très focalisé sur le covid donc il porte quasiment tout le temps son masque (…) C’est inquiétant cette recrudescence des cas."
Des élèves masqués pour protéger leur professeur
Dans un collège d'Hénin-Beaumont, plus d'une centaine d'élèves ont même décidé de garder leurs masques pour protéger leur professeur d'histoire-géographie.
"Je leur avais simplement expliqué que je gardais un FFP2 car, à cause d'une maladie qui me rend immunodéprimé, il ne fallait surtout pas que j'attrape le covid. J'ouvre les portes et j'aère dès que la météo le permet. Je n'exigeais pas du tout qu'ils portent le masque !", raconte Jauris Cichanski qui, touché par cette attention, l'a partagée sur Twitter.
Les enseignants lassés par les différents protocoles
Toujours selon les derniers décomptes des académies : plus de 500 cas de covid ont été confirmés au sein du personnel scolaire à Amiens, contre 820 à Lille.
"Il y a une certaine inquiétude. Même si les enseignants sont vraiment contents d’avoir retiré le masque, d’avoir une vie de classe ordinaire, normale. On continue d'avoir des contraintes mais beaucoup moins fortes. Mais est-ce qu’il n’y aura pas un retour de bâton bientôt ?", s'interroge Baptiste Mahé, délégué du syndicat SNUipp-FSU.
C'est un peu ce qui s'est passé avant les vacances d'automne. On a pu retirer le masque puis on l'a remis aussitôt. Je crains que ce soit la même chose cette fois-ci.
Baptiste MahéDélégué syndical
Guillaume Ancelet, co-secrétaire de la FSU Somme, voit quant à lui ses collègues s'absenter les uns après les autres. "On pensait vraiment que le masque serait supprimé après les vacances d'avril. Là, ça nous paraissait vraiment tôt. C'est le premier geste barrière et c'est aussi le premier qu'on a enlevé !"
Face à ce rebond de l'épidémie, Philippe Froguel, professeur au CHU de Lille, lui aussi, tranche en faveur d'un retour du masque dans les classes : "Les enfants s'y étaient habitués. Je trouve qu'on a fait ça trop rapidement, il aurait fallu attendre la fin de cette énième vague pour l'enlever."
Pour l'heure, le dernier protocole sanitaire recommande uniquement aux élèves de porter le masque, durant sept jours, si un cas est avéré dans leur classe.
Mais au vu de la courbe des contaminations et même s'ils ne peuvent pas l'imposer, de nombreux établissements de la région conseillent à leurs élèves et personnels de porter, à nouveau, le masque.