TEMOIGNAGE. Don d'organes : "si on peut sauver des vies, je pense qu'il ne faut pas réfléchir"

Thierry Salomez, habitant de Valenciennes, a autorisé en 2021 le prélèvement du coeur, des poumons et des reins de sa fille alors en état de mort cérébrale. Avec l'accord de son épouse, c'est lui qui a proposé le don des organes de sa fille Axelle, aux médecins. Trois personnes vivent aujourd'hui "bien" grâce à ce geste. Retour sur cette décision alors que le nombre de refus de donner croît de manière importante dans la région comme en France.

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Cette période de l'année est encore douloureuse pour Thierry Salomez, 51 ans, qui a vécu le décès de sa fille de 15 ans à la même époque il y a deux ans. Sur un cheval, où Axelle faisait de la voltige cosaque, pas d'accident, pas de signe avant coureur, mais en se relevant d'une figure, rupture d'anévrisme provoquée par une malformation veineuse dans le cerveau.

Aujourd'hui trois personnes, deux filles et un garçon un peu plus (et un peu moins) âgés qu'Axelle vivent avec un de ses reins, un de ses poumons et son coeur, à Lille, Loos et Marseille. "J'ai l'impression qu'elle vit encore un peu", explique son père aujourd'hui.  

L'idée est de "donner pour que cela serve", explique également ce donneur sanguin universel qui "respecte" les refus de donner, mais trouve également que ces derniers sont "regrettables". Si l'on sait pourquoi donner, comment cela se passe-t-il ? Faut-il agir vite ? Éléments de réponse avec le témoignage de Thierre Salomez. 

"J'ai l'impression qu'elle vit encore un peu."

Thierry Salomé, papa d'Axelle

Lorsque l'accident est arrivé, Thierry Salomez était au travail, sa femme, Emeline (1) accompagnait Axelle à son cours de voltige cosaque. "J'ai vite compris que c'était grave. On devait l'héliporter à Lille puis finalement, les secours ont opté pour l'hôpital de Valenciennes par la route, un soignant du Samu précisant que c'était "très très grave", se remémore Thierry. 

Vient ensuite une période un peu floue, à l'hôpital, où alternent les pensées encourageantes et les angoisses, un ballet entre espoir et désespoir. Peu de retours dans un premier temps, "des marques d'attention tout de même comme plusieurs 'faut être fort'" jusqu'à ce qu'un jeune médecin dise les résultats du scanner (un trou dans une artère qui ne devait pas se trouver là, au niveau du cerveau).

Course contre la montre 

La difficulté de voir sa fille ensuite alitée, respirant grâce à des machines, mais cérébralement décédée est ensuite sans nom. Il est 22h00 ou 23h00, l'accident s'est produit vers 16h00, ce 12 mai 2021. Il y a moins d'une heure, Emeline disait "il faut appeler la famille, qu'elle vienne soutenir Axelle". Et Thierry interpellait une infirmière pour lui demander s'il existait encore un espoir. "Non".

Après vient à la fois une course contre-la-montre, pour les médecins pour recueillir l'autorisation de donner les organes et les prélever. Si Thierry sent venir la demande et comprend le maintien en vie de manière artificielle d'Axelle, Emeline est encore sous le choc et aura besoin de trois heures pour donner son accord. Finalement le couple dira "ok" assez tôt. Bien avant le prélèvement des organes qui aura lieu après un dernier examen du corps à 11h30 le lendemain.

"La coordinatrice pour le prélèvement des organes a été superbe. On lui avait demandé de prendre soin du corps d'Axelle. Ce qui a été le cas. Après les prélèvements, le corps a été lavé. On n'a pas vu les cicatrices, peut-être les pompes funèbres mais tout a été fait en temps et en heure pour les obsèques", précise Thierry. 

Si, aujourd'hui, il ne regrette pas le don, il avoue ne pas savoir si Emeline, devenue son ex-femme, pense de même. En tout cas, il conseille, même si cela n'est pas naturel, dans une société qui fuit la mort, de réfléchir et qu'une fois sa décision est prise de la donner à sa famille ou de lui écrire. "Pour ma part, si on peut sauver des vies, je pense qu'il ne faut pas trop réfléchir". 

Dans les Hauts-de-France, les refus de donner s'élèvent à 38% en 2022.

(1) prénom d'emprunt.

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