PORTRAIT. Grâce à ses tatouages, il répare le corps et l'âme des femmes après des maladies graves

Les maladies comme les cancers du sein laissent des traces parfois difficiles à porter sur le corps des femmes. Dans son salon de tatouage à Compiègne, Henrick Olivier les recouvre ou les sublime pour aider les femmes à se réapproprier leur corps

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Le cancer du sein est une épreuve que traverse une femme sur douze. Aux symptômes peuvent s'ajouter des traitements lourds, des opérations chirurgicales, et bien sûr de la peur et du stress. Mais même une fois traitée, la maladie laisse des traces. Des cicatrices psychologiques, et d'autres bien visibles, qui semblent inscrire ce parcours de la combattante sur la peau.

Recouvrir les cicatrices et reconstruire les aréoles

Accepter ce nouveau corps endommagé peut se révéler très difficile. C'est là qu'intervient Henrick Olivier, tatoueur spécialisé dans la dermographie réparatrice. Il peut recouvrir les cicatrices, mais grâce à une formation spécifique, il est également capable de reconstruire des aréoles mammaires abîmées avec son encre et ses aiguilles. Teinte, grain de peau, taille du mamelon : il reconstruit "sur mesure" pour obtenir un résultat ultra-réaliste.

"J'ai compris le regard que les femmes portent sur elles-mêmes"

Cette vocation, il l'a eue après un drame personnel : le décès de sa mère. "J'ai découvert son histoire et c'est là où j'ai compris le regard que les femmes avaient sur elles-mêmes, explique-t-il. Pour certains, on peut dire que c'est juste un vulgaire téton, mais c'est complètement horrible de se sentir moche. Malheureusement, en tant qu'homme, je l'ai compris beaucoup trop tard. Ça a été un déclic, je me suis dit, 'si je ne t'ai pas aidé toi, je vais aider les autres', se souvient-il. Quand j'ai ouvert les yeux, j'ai pris une claque."

Père de deux filles et beau-père de quatre autres, son activité lui semble aujourd'hui une évidence. "Je me sens réellement à ma place. Donner le sourire à mes patientes, c'est génial. C'est un pari réussi."

Le tatouage, c'est très intime. C'est beaucoup de confiance, on est là pour les aider. Ça leur permet d'avancer, de se remettre en décolleté, ou en jupe pour certaines.

Henrick Olivier, tatoueur spécialisé dans la dermographie réparatrice

Et celles qui en parlent le mieux, ce sont justement les femmes qu'il a aidées. Le cancer de Florence Villain a été diagnostiqué il y a trois ans et demi. Après un lourd traitement et plusieurs opérations chirurgicales, elle a rencontré des difficultés pour l'étape de la reconstruction. "Ces opérations laissent de nombreuses cicatrices, mon corps a été mutilé, il faut que j'apprenne à me réapproprier ce corps, et à l'accepter surtout. La reconstruction par prothèse a été un échec, deux fois, donc il a fallu que je trouve une alternative", raconte-t-elle.

"Je regarde mon tatouage et je me trouve belle avec"

Henrick a recouvert l'une de ces cicatrices par un tatouage artistique dont elle est très fière. "Voir cette cicatrice constamment me rappelait tous les jours que j'avais eu de la chimiothérapie, et ça me rappelait ces traitements très difficiles. Le fait d'avoir un tatouage ne fait pas oublier, c'est une période de notre vie qu'on ne peut pas oublier, mais ça m'empêche de me focaliser dessus. Là, je regarde mon beau tatouage, et je me trouve belle avec." Elle prévoit déjà de faire appel à Henrick à nouveau pour recouvrir une autre cicatrice, après une opération qu'elle doit faire dans quelques semaines, pour redonner à sa poitrine une impression de volume.

"Pour moi, le tatouage est quelque chose que les chirurgiens devraient proposer comme choix de reconstruction, estime-t-elle. Henrick m'a semblé tout de suite sincère et investi dans notre cause. Des personnes comme ça, on en a besoin, on voit beaucoup de spécialistes et de chirurgiens pendant notre parcours, mais on n'a pas le même rapport avec eux. Les chirurgiens voient ce qu'ils doivent faire pour intervenir, pour enlever la tumeur. Henrick, il voit ce qu'il faut faire pour nous rendre le sourire et nous faire sentir belles à nouveau."

Un salon intimiste pour être en confiance

Pour Henrick comme pour les femmes qui font appel à lui, cette étape fait presque partie du parcours de soin. Il appelle d'ailleurs ses clientes ses "patientes", et son salon de tatouage a des airs de cabinet médical. Contrairement aux établissements classiques, pas de baies vitrées ouvertes sur le salon ou de piercings en vitrine. "La maladie, les complexes, ça ne regarde que nous et on est tous différents. J'ai conçu le salon de telle manière à ce qu'on ne voit pas ce qui s'y passe si on ne passe pas la porte", explique-t-il.

durée de la vidéo : 00h13mn00s
L'émission Hauts Féminin avec Henrick Olivier, tatoueur spécialisé dans la dermographie réparatrice ©FTV

Retrouvez l'intégralité de l'émission Hauts féminin avec Henrick Olivier ci-dessus et sur france.tv

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