Près de Lille, Didier Vanhecke met à disposition objets et manèges pour plonger les visiteurs dans le monde des arts forains. Une collection rare dans la région qui vaut le détour.
Didier Vanhecke, collectionneur, se rappelle du jour où sa passion pour le monde forain. Comme si c'était hier. "Un jour, j'achète, un cheval de manège à la braderie de Lille et ça a été le début de cette collection. J'avais 18 ans" en 1987-88 . L'année suivante, "j'ai acheté un petit appareil de musique mécanique, un thibouville, c'est un petit appareil avec cartons perforés, 24 touches." Depuis, il ne s'arrête plus. Aujourd'hui, il est l'heureux propriétaire du musée de la fête foraine à Marquette-lez-Lille, ouvert en 2019.
À peine entrés dans les lieux, un vent de nostalgie nous frappe. On jurerait même sentir l'odeur de friandises et de barbapapa. Pourtant, nous ne sommes pas vraiment à la fête foraine, mais dans un musée en bonne et due forme, aménagé dans 1300 m2 d'une ancienne carrosserie industrielle. Le propriétaire est un collectionneur hors pair qui chine tous les jeux possibles et imaginables : tir à la carabine à l'ancienne, chamboule-tout beaucoup plus récent, carrousel de l'époque victorienne de 1895, chapiteau à miroirs...
Ici, l'ancienne époque se mêle à la nouvelle. Le bois grince un peu, un bruit suranné d'un authentique carrousel de plus de 100 ans est couvert par la musique d'un orgue rococo. C'est un lieu hors du temps.
Un esprit festif
Les objets présents "Ce sont des objets d'art populaire qui sont particulièrement expressifs, explique Didier Vanhecke. C'est-à-dire que chaque objet raconte une histoire, a son vécu, a sa propre vie". Au cours du temps, tous ces objets ont fait partager de l'émotion, du rire aux enfants. Ils ont voyagé, de ville en ville, de village en village, pour y amener la fête.
Et pour garder cet esprit festif, le propriétaire a imaginé son musée autour d'un concept : toutes les attractions sont accessibles au public, pour renforcer cette porosité entre le rêve et la réalité, hier et aujourd'hui. "Un manège sans enfants ou sans adultes, ce n'est pas un manège, affirme-t-il. Le but c'est que les gens rejouent comme il y a plus de 100 ans, comme sur les fêtes foraines de la belle époque"
Un hommage aux arts forains
Impossible toutefois d'estimer la valeur pour cette collection, qui est le fruit d'années passées à chiner, à brocanter chacune des pièces. Mais ce n'est pas son objectif. Le plus important, c'est la joie des visiteurs. "C'est une grande satisfaction quand on aime ces objets et quand on les a chinés, de voir les yeux émerveillés du public qui se dit : ah c'est formidable, vous avez fait quelque chose de merveilleux."
Au-delà d'être un musée de jeux de fête foraine, c'est aussi une célébration de l'art forain. Car chaque pièce de collection et chaque manège sont l'objet d'un véritable travail de sculpture, réalisé avec minutie et précision. Il y en a pour tous les goûts : chevaux, pans, chameaux...Mais également des visages expressifs d'hommes et de femmes, parfois anonymes, parfois connus, comme l'ancien président de la République Valery Giscard-d'Estaing ou son collègue américain Ronald Reagan, en chamboule-tout.
Un tour de manège, c'est possible
Pour Didier Vanhecke, le coeur même de ce musée est le partage avec les visiteurs. Il a monté une grande partie de sa collection, qui est longtemps restée démontée, pour leur permettre de vivre une expérience immersive. "C'est quand même un art populaire qui, pour moi, doit être vivant", explique-t-il. Il est donc possible de monter sur les ménages et de "pouvoir les voir vivre pour en faire profiter le plus grand nombre".
Et même s'il peut y avoir une usure "c'est quand même fait pour ça à l'origine". La plus grande protection, selon lui, "c'est qu'on ne monte pas et ne démonte pas les manèges à chaque week-end, et qu'on les garde à l'intérieur, dans un espace couvert, pour les protéger des intempéries". On peut même dire que l'usure fait en partie le charme de cette collection.