L'armée dit prendre ces accusations très au sérieux.
Un capitaine de la gendarmerie, numéro deux du Centre de service national (CSN) de Lille, est accusé par ses collègues de harcèlement moral et de violences verbales, en particulier des injures à caractère raciste et homophobe.
C'est une assistante au sein du CSN, où étaient organisées ce jeudi la Journée défense et citoyenneté (JDC), anciennement JAPD, qui a pris la parole. Elle a interpellé sa hiérarchie sur le comportement du militaire à l'égard du personnel et des jeunes, âgés de 17 à 25 ans, que reçoit le centre.
Il a des propos homophobes, il a des propos racistes sur les jeunes des JDC
Rosette Gellens, qui travaille depuis 37 ans au sein de l'Armée, dit avoir vu sa vie basculer avec l'arrivée du capitaine il y a deux ans. "Il s'en prend à tout le monde" s'alarme-t-elle. "Il a des propos homophobes, il a des propos racistes sur les jeunes des JDC" qu'il appelle "'les Bougnoules' ou 'les Norvégiens' en réunion, devant tout le personnel ! Je ne supporte plus et je ne peux pas. C'est pas possible !"
Intervention des pompiers
Dans ce centre où travaillent une trentaine de personnes, la secrétaire encadrante décrit une ambiance insoutenable : des humiliations en public, des boutades sur le physique du personnel féminin et même une dispute au cours de laquelle le capitaine aurait dit n'en avoir "rien à foutre" de son mari décédé.
Rosette Gellens vit une telle souffrance au travail que le 2 août dernier, elle s'effondre et perd connaissance à la Lille-Flandres, victime d'un malaise. Dans une attestation d'intervention que nous avons pu consulter, le SDIS du Nord indique que "la victime a fait part d'un sentiment de stress / angoisse en lien avec son activité professionnelle". Elle est alors hospitalisée.
Pas de plainte, mais une action syndicale
La directrice du CSN de Lille dont ce capitaine est l'adjoint aurait été alertée sans pour autant donner suite à ces plaintes. C'est la raison pour laquelle la CFDT-NPA Défense, en apportant des témoignages similaires, a demandé auprès de sa hiérarchie la mise à l'écart de l'officier.
Il représente un danger pour les jeunes et pour les agents !
Aucune plainte n'a pour l'heure été déposée, mais faute de réaction au plus haut sommet de l'État, le syndicat a organisé une action ce jeudi 6 septembre en marge d'une Journée défense et citoyenneté.
"Qu'on agisse !," y réclamait ce matin Léo La Cancellara, secrétaire général Nord-CFDT. "Qu'on retire ce capitaine dans un premier temps, immédiatement, car il représente un danger pour les jeunes et pour les agents !"
Une enquête de l'Armée
L'Armée, qui prend ces accusations très au sérieux, a lancé une enquête approfondie. Aucune sanction n'a encore été prise mais les plus hautes instances militaires étudient l'affaire de près.
Joint par téléphone, le colonel Pierre-Emmanuel Trouvé, directeur de l'établissement du Service national Nord-Est se dit "préoccupé par l'ensemble du personnel du centre et en particulier la victime", Mme. Gellens.
Il dit souhaiter que "tout un chacun puisse de nouveau travailler dans l'ambiance de sérénité nécessaire à l'accomplissement de la mission du centre de Lille. Je serai amené à prendre les décisions qui permettent de ramener cette sérénité."
Qu'il s'agisse de Rosette Gellens ou du syndicat, tous tiennent en tout cas à rappeler que cette affaire ne concerne qu'un individu et refusent tout amalgame avec le reste de l'Armée.