La famille de Vincent Delory souffre de son isolement, et dénonce un traitement inéquitable entre leur fils et les autres victimes du terrorisme.
Cela fait aujourd’hui six ans. Le 7 janvier 2011, Vincent Delory est enlevé au Niger (Al-Qaïda au Maghreb Islamique), au Niger, avec son ami Antoine de Léocour. Mais, alors que les commémorations d’attentats se succèdent, les Delory, eux, se sentent abandonnés de l’Etat. Ils jugent que la France a sacrifié leur fils et refuse de l'admettre.
Des circonstances floues
Car Vincent Delory n’a pas été abattu par ses ravisseurs. Le 8 janvier 2011, l'intervention des forces spéciales françaises côté malien met en déroute les terroristes mais débouche sur la mort des deux otages. Si le décès d'Antoine ne fait pas de mystère - exécuté d'une balle par un djihadiste -, celui de Vincent, officiellement mort dans l'incendie d'un 4X4 d'AQMI, suscite la polémique. Pour les Delory, ce sont bien les militaires français qui ont provoqué le départ du feu.Cette version a été corroborée par un des membres d’AQMI, interrogé à l’époque pas la justice française. Le film de l'opération, tourné depuis un avion, a été amputé d'une minute : celle au cours de laquelle le 4×4 prend feu. Le ministère de la Défense justifie alors cette coupe, qui aurait eu pour but de "ne pas révéler […] certains détails opérationnels"
"En intervenant de cette façon, ils avaient décidé de tuer les otages, alors que le rôle de l'Etat est de protéger ses citoyens", martèle Gilles Delory, le père de Vincent. A ses yeux, la responsabilité est du côté de l'Etat. De ses dirigeants de l'époque, Nicolas Sarkozy à la présidence et Alain Juppé aux Affaires étrangères. Mais aussi de ceux qui ont suivi, incapables de rendre un hommage digne à un jeune Français victime du terrorisme.
Passé au second plan
Lors des obsèques de Vincent, il y avait pourtant du monde. Près de 600 personnes étaient présentes dans l’église de Lincelles, et 800 autres massés devant l’édifice. De nombreuses personnalités politiques locales avaient fait le déplacement comme Martine Aubry, maire de Lille, Pierre Mauroy, ancien Premier Ministre et ancien maire de Lille et le député du Nord Jean-Louis Borloo. Toutes sensibilités politiques confondues, d’autres élus locaux étaient également présents.La secrétaire d'Etat chargée de l'Aide aux victimes Juliette Méadel, qui les a reçus en décembre, ne viendra finalement pas, et sa proposition de faire poser une plaque aux Invalides paraît bien floue aux yeux des parents (date, lieu exact, texte apposé).
"Juste après la mort de Vincent, ils nous avaient promis monts et merveilles, Nicolas Sarkozy nous a dit qu'il viendrait... Puis on a été traités comme des chiens, comme si notre fils avait été piqué. Quelqu'un du ministère nous a même laissé entendre que ce qui lui est arrivé était toujours mieux que la torture..." fulmine Gilles Delory
"Nos larmes sont lourdes. Notre indignation est immense." avait dit Monseigneur Ulrich lors des obsèques de Vincent. Celle des Delory n’est toujours pas calmée.