Le Parquet allemand a annoncé mardi l'abandon des poursuites contre Karl Heinz Münter, un ancien SS impliqué dans le massacre d'Ascq, dans le nord de la France en 1944, le vieillard ayant déjà été jugé après la Guerre.
"Le Parquet général de Celle a abandonné la procédure d'enquête sur un Allemand de 95 ans de Nordstemmen pour soupçon de complicité d'assassinat", selon un communiqué de cette instance. Les autorités allemandes suivent ainsi un avis récent de la justice française qui alimente les regrets de descendants des 86 personnes tuées dans cet "Oradour du Nord".
Le ministère français de la Justice avait considéré que s'appliquait dans ce cas le principe selon lequel, en vertu des accords de Schengen, une personne ne peut être jugée deux fois pour les mêmes faits dans deux pays différents. Or, Karl Heinz Munter, âgé de 21 ans au moment du massacre, a déjà été condamné à mort par contumace en 1949 par un tribunal militaire français, avant d'être gracié en 1955.
"Crime de guerre"
Sollicité par l'AFP, l'arrière petit-fils d'une des victimes, Alexandre Delezenne, à l'origine de la procédure en Allemagne, s'est dit "très amer" après cette décision. "Je suis très amer qu'un nazi puisse ainsi échapper à la justice allemande, qui était bien en marche pour le juger, grâce à un avis de la justice française", a-t-il dit.Munter
La Chancellerie française a en outre estimé que le massacre relevait des "crimes de guerre", dont la prescription est de 20 ans, et non de crimes contre l'humanité, qui sont imprescriptibles. "Les autorités judiciaires allemandes ont les mains liées même si en droit allemand les faits ne sont pas prescrits", précise le Parquet de Celle qui dit considérer le massacre d'Ascq comme un crime de guerre.
"Les nazis ne se sont pas acharnés contre des soldats, mais contre des innocents de 15 à 85 ans, réveillés en pleine nuit", a critiqué M. Delezenne. La 12e division SS de la "Hitlerjugend" (Jeunesse hitlérienne) s'était abattue sauvagement sur le village d'Ascq, près de Lille, dans la nuit du 1er au 2 avril 1944. En quelques heures, une cinquantaine de ces soldats dont le train avait légèrement déraillé après une action de sabotage de la Résistance, avaient fusillé 86 hommes, en représailles.