Affaire du violeur de la Sambre : "C'est un nouveau chapitre de l'enquête qui s'ouvre"

L'arrestation de Dino Scala est l'aboutissement de 22 ans d'une procédure qui englobe 19 faits de viols et d'agressions sexuelles commis dans la vallée de la Sambre. Mais le suspect a lui-même parlé d'une quarantaine de victimes. La police va maintenant ouvrir un nouveau chapitre de l'enquête.

22 ans de procédure, un millier de procès verbaux, une centaine de suspects interpellés, des dizaines d'analyses comparatives d'empreintes génétiques, trois portraits-robots, des dizaines d'heures de surveillance... n'avaient jusqu'il y a quelques semaines abouti à rien, ou presque. Celui que les enquêteurs du service régional de police judiciaire de Lille avaient depuis longtemps nommé "le violeur de la Sambre" était insaisissable, transparent.

Mais la PJ, saisie depuis 1996 sur ce dossier qui aujourd'hui englobe 19 faits de viols et d'agressions sexuelles commis dans la vallée de la Sambre, a toujours gardé cette enquête comme un "fil rouge", selon les propres mots de son patron Romuald Muller. Jusqu'au lendemain du 5 février dernier, lorsque deux fonctionnaires chargés de collecter et d'analyser les informations venues quotidiennement d'autres pays d'Europe, "tiltent" sur l'agression d'une adolescente commise dans le quartier de la gare à Erquelinnes en Belgique.

Le mode opératoire, par derrière et très tôt dans la pénombre d'un matin d'hiver, les ramène à leur fil rouge. Celui qui jusque-là n'avait pas commis de grossière erreur à proprement dit, est cette fois trahi par son véhicule, dont une partie de la plaque d'immatriculation a été captée par une caméra de surveillance. Après l'analyse d'un fichier élargi de 40 000 voitures, la PJ finit par cibler un homme.

Dino Scala ​de 56 ans, est interpellé lundi 26 février près de chez lui à Pont-sur-Sambre, et avoue très vite en garde à vue être ce "violeur de la Sambre" que la police traque depuis 22 ans. Difficile de le contester, les éléments à charge et notamment son ADN, étant nombreux. Le mis en cause déclare même spontanément avoir fait une quarantaine de victimes. Au moins le double donc, du nombre de faits pour lesquels il est aujourd'hui mis en examen et incarcéré.


Chapitre deux

"C'est tout l'enjeu de la suite de ce dossier". Romuald Muller le sait bien, ses équipes vont avoir énormément de travail ces prochains mois, pour épaissir le dossier du violeur de la Sambre.

Analyser et recouper des faits plus ou moins anciens qui pourraient avoir été commis par l'ouvrier de 56 ans, qui s'en prenait à ses victimes avant d'aller au travail dans une usine à Jeumont. "Le deuxième chapitre qui s'ouvre, c'est un recensement d'éventuelles nouvelles victimes qui se signaleraient, qui ne sont pas comprises dans le dossier qu'on a actuellement... et après, la possibilité d'intégrer de nouveaux faits, dès lors qu'on aura suffisamment d'éléments qui permettent d'établir qu'ils peuvent lui être imputables, et de les intégrer dans une seule et même information judiciaire", explique le chef de la PJ. 

Si Dino Scala évoque spontanément une quarantaine de victimes, combien en a-t-il fait réellement, à cause de ces "pulsions" qu'il qualifie d'incontrôlables ?  "La première chose que mon client a dite, c'est qu'il devait la vérité aux victimes, puis à ses proches et à lui-même. Sa logique est d'avouer, de coopérer", a fait savoir son avocat Me Jean-Benoit Moreau.


Le volet Belge de l'affaire

La dernière agression qui a précipité la chute de Dino Scala, a été commise en Belgique. A Erquelinnes, commune limitrophe de Jeumont, où le prévenu travaillait.

Un certain nombre de viols et agressions perpétrés avant cela juste de l'autre côté de la frontière pourraient lui être imputés. Ils seraient au moins au nombre de huit, avec pour l'un d'entre eux, la présence de son ADN. La justice belge, en collaboration avec les services français, est en train de rassembler toutes les informations et faits qui pourraient être rapprochés de l'affaire du violeur de la Sambre.

Les autorités des deux pays devront ensuite décider ou non de globaliser les procédures, pour ne saisir qu'un service d'enquête, par exemple le SRPJ de Lille qui travaille sur le dossier depuis plus de 20 ans.


"Fierté"

En attendant la suite de l'affaire, qui s'annonce longue, le chef de la police judiciaire de Lille revendique la "fierté" et le "sentiment d'utilité" des enquêteurs qui n'ont jamais rien lâché, malgré toutes les années qui ont passé. Un ancien chef de groupe de la PJ, parti à la retraite il y a quelques années avec un sentiment d'inachevé sur ce dossier, a même manifesté sa grande satisfaction après l'interpellation lundi de Dino Scala.

Ce "monsieur tout le monde", père de famille apprécié et irréprochable en surface, a encore de bien profonds secrets à révéler aux enquêteurs, à la justice, et aux victimes.

 

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