Au lendemain de la manifestation des salariés de l'usine MCA de Maubeuge, le PDG de Renault affirme qu'il n'a "aucune intention de fermer le site de Maubeuge." Il ajoute qu'il n'y aura "aucun licenciement" dans le groupe Renault.
Quelques jours après l’annonce du plan d’économies de 2 milliards d’euros et au lendemain de la manifestation rassemblant plusieurs milliers de personnes devant l’usine MCA de Maubeuge, le PDG de Renault s’exprime. Invité du Grand Jury sur RTL, les premières questions des journalistes évoquent le cas de l’usine MCA de Maubeuge, dont la chaîne de production est menacée de transfert vers l’usine voisine de Douai.
"Je n’ai aucune intention à priori de fermer le site du constructeur automobile de Maubeuge, a insisté Jean-Dominique Senard, PDG de Renault. Je vous assure, je ne l’ai jamais dit est je ne l’ai même pas pensé d’ailleurs."
"Profondément ému"
D’après les syndicats, plus de 8 000 personnes ont manifesté samedi 30 mai depuis l’usine MCA de Maubeuge jusqu’à l’hôtel de ville. Salariés, élus, simple habitants de la Sambre-Avesnois… l’émotion était très présente. "Ici, ce n'est pas un coeur que j'ai, c'est un losange...", expliquait, ému, Jean-Marc Pelleriaux, un formateur en zone retouche de l’usine MCA, la main sur la poitrine.
"Je voudrais dire à l’équipe de Maubeuge que je comprends parfaitement leur émotion. Ces images d’hier m’ont ému profondément. Je comprends l’émotion des familles" a expliqué le PDG de Renault.
Delvaux : « c’était la première avant un long combat. Plus rien ne sortira de MCA ». pic.twitter.com/MjLS6kt12V
— VDN Maubeuge (@VDNMaubeuge) May 30, 2020
Une large pancarte, déployée par les élus du territoire, affichait le message suivant : "Senard : trahison. Macron : tiens ta promesse" faisant référence à la visite du président de la République dans l’usine en novembre 2018, accompagné du PDG de l’époque Carlos Ghosn et de Jean-Dominique Senard. "Imaginez vous pour moi ce que représente de voir mon nom à côté du mot trahison" a raconté le PDG de Renault sur RTL.
"Il n’y aura aucun licenciement"
2100 salariés travaillent à l’usine Renault de Maubeuge. Si le transfert de la chaîne d’assemblage de la Kangoo s’opère vers Douai, l’usine MCA pourrait se spécialiser dans l’emboutissage. Le maire de Maubeuge, Arnaud Decagny, explique qu’une telle décision impacterait directement les emplois. "L’emboutissage ? Pour garder 300 emplois sur les 1600 sans pouvoir faire travailler les sous-traitants installés sur notre territoire ?" demande-t-il, avant de conclure : "Je ne crois pas aux promesses d’accompagnement. On sait très bien que dans 5 à 10 ans, le site est fermé."
Jean-Dominique Senard a assuré ce samedi 31 mai sur RTL qu’il n’y aura "aucun licenciement" dans le groupe Renault. Selon lui, "il n’y aura aucune souffrance sociale. On va prendre le temps qu’il faut pour trouver une solution pour chacun le cas échéant."
"Construire ensemble"
Le plan d’économies présenté par Renault prévoit la suppression de 15 000 postes dans le monde, dont 4600 en France. "L’industrie automobile a vécu un séisme majeur. Renault était fragile avant la crise du virus, le covid n’a évidemment rien arrangé" explique Jean-Dominique Senard pour justifier ce plan d’économies. "J’ai un devoir, qui est un devoir de dirigeant d’entreprise qui est de dire la vérité. Un devoir d’anticipation et de lucidité."
Le PDG de Renault explique cependant qu’aucune décision n’est encore tranchée. Une réunion organisée dans les prochains jours par Bruno Le Maire, ministre de l’économie, sera le point de départ d’une large concertation avec les syndicats et les élus. "Nous allons construire tout ça ensemble. Comme tout projet, il va être discuté. Nous allons nous mettre au travail dans un cercle extrêmement ouvert et nous allons discuter de l’avenir des usines du Nord. Rien ne se fera sans cette discussion ouverte avec tout le monde" a répété le PDG de Renault.