Surveillant à la prison de Maubeuge, agressé à deux reprises, Michaël poursuit sa grève de la faim

Michaël Bartholomé, 44 ans, suit une grève de la faim depuis lundi. Victimes de deux agressions de la part de détenus dans la prison de Maubeuge où il travaille, il dénonce le mépris de sa direction qui refuse de reconnaître son arrêt de travail pour dépression. 

Sa voix porte peu, conséquence d'une grève de la faim qui dure depuis lundi et l'affaiblit. Michaël Bartholomé, 44 ans, est surveillant pénitentiaire à la prison de Maubeuge depuis 2015, après avoir arpenté les couloirs de Fleury-Mérogis. Aujourd'hui, il est victime d'anxiété, son médecin lui a prescrit des anti-dépresseurs pour soulager sa douleur. Mais sa direction estime qu'il s'agit d'un arrêt maladie de complaisance. 

"Fin janvier, j'ai reçu comme mes collègues une lettre me demandant de retourner travail sous peine de sanctions. Je suis allé à la prison avec mon arrêt, pour montrer que je n'étais pas en état de travailler. J'ai terminé en pleurs devant le directeur qui ne voulait rien entendre", raconte le surveillant. 


Deux agressions en quelques mois


Son mal-être puise pourtant racine dans deux agressions, qui l'ont profondément marqué et qui ont ressurgi dans son esprit lors de l'agression de ses collègues, à Vendin-le-Vieil, par un détenu radicalisé. La première se déroule en juin 2017. "Ce jour-là, un détenu a voulu me mettre un coup de lame. J'ai réussi à le désarmer. Et puis plus rien. Il a été condamné à deux mois fermes supplémentaires mais ma plainte pour agression a été classée sans suite", explique Michaël Bartholomé. "L'enquête interne a conclu qu'il y avait un "doute sur la véracité des faits", parce que le détenu affirmait que c'était moi qui l'avait plaqué au sol en déposant un couteau à côté de lui. Comme si on me faisait passer pour un menteur."

Le temps passe. Le surveillant retourne travailler et laisse derrière lui ce triste épisode. Jusqu'à la deuxième agression, en octobre dernier. "C'était le 17 octobre. J'aidais à la distribution du linge quand un détenu s'est emparé de son plateau repas et m'a porté plusieurs coups. En voulant le maîtriser je me suis blessé au bras, ce qui a provoqué 4 jours d'ITT", poursuit Michaël. Là encore, il porte plainte, "mais toujours pas de poursuites".


14 heures dans le mirador


Fin janvier 2018. La mobilisation s'étend de Vendin-le-Vieil aux autres prison de France suite à l'agression de trois surveillants par un détenu radicalisé. Ce jour-là, Michaël se rend à son travail, pour prendre son poste normalement. Mais contrairement à ce qui était prévu, il n'est pas relevé de son service; il reste près de 14 heures coincé en haut du mirador, sans pouvoir manger ni boire. "C'est très long...", souffle-t-il. 

Le lendemain, il craque. Face à la prison, il fond en larmes. "J'avais peur d'être à nouveau bloqué, je n'en pouvais plus", explique-t-il. Il va consulter son médecin traitant qui lui prescrit un arrêt de travail jusqu'au 11 février pour état "d'anxiété" ainsi que des anti-dépresseurs. 

La lettre qu'il reçoit fin janvier de la direction, qui lui demande de retourner travailler sous peine de sanctions, est un choc. "Je n'ai pas compris pourquoi on m'envoyait ça. Je ne suis toujours pas en état de reprendre le travail..." Les sanctions vont être appliquées, jusqu'à la fin de son arrêt maladie; des pertes de salaire importantes.

 

Grève de la faim depuis lundi


Depuis lundi, Michaël a donc décidé de se lancer dans une grève de la faim, "pour qu'on reconnaisse que ce n'est pas un arrêt de complaisance". "J'ai envoyé un courrier à la direction pour leur signaler, mais je n'ai aucun retour. Tout le monde s'en fout. Seuls mes collègues prennent de mes nouvelles et m'ont accompagné pour voir la psychologue du personnel, à la demande des représentants syndicaux", poursuit le surveillant pénitentiaire. 

Alors il continue. Un peu d'eau, du café, mais c'est tout. Il attend, malgré les maux de tête qui s'installent et une faiblesse accrue par la faim. "La direction est têtue mais moi je suis déterminé", conclut Michaël Bartholomé. Nous avons tenté de joindre la direction interrégionale des services pénitentiaires, pour le moment sans retours. 



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