Emmanuel Macron a donc tranché. Le Président de la République nomme Michel Barnier Premier ministre. Le commissaire européen de 73 ans a été plusieurs fois ministre par le passé. Xavier Bertrand, le président de la région Hauts-de-France, était pressenti. Sous la pression du Rassemblement national, son nom n'aura finalement pas été retenu.
Xavier Bertrand voit donc le poste lui passer sous le nez. Le président de la région Hauts-de-France ne sera pas Premier ministre cette fois. Emmanuel Macron lui a préféré Michel Barnier, 73 ans, ancien commissaire européen, ancien ministre de l'agriculture ou des affaires étrangères.
Xavier Bertrand n'est pas choisi, mais pas rancunier pour autant. Il a aussitôt publié un message sur le réseau X. "J'adresse à Michel Barnier et à son gouvernement tous mes voeux de succès au service de la France et dans l'intérêt des Français face aux nombreux défis qui s'annoncent".
J’adresse à @MichelBarnier et à son gouvernement tous mes vœux de succès au service de la France et dans l’intérêt des Français face aux nombreux défis qui s’annoncent.
— Xavier Bertrand (@xavierbertrand) September 5, 2024
Après 51 jours en attente d'un nouveau Premier ministre, la classe politique des Hauts-de-France était évidemment impatiente.
Les Républicains resserrent les rangs derrière l'un des leurs. Julien Dive, député Les Républicains de l'Aisne, se réjouit et présente ses félicitations au nouveau Premier ministre.
Mes félicitations à @MichelBarnier qui est notre nouveau Premier Ministre.
— Julien DIVE (@JulienDive) September 5, 2024
Les enjeux sont immenses et nombreux, il n’y a plus de temps à perdre il faut agir pour les Français et s’emparer des propositions du pacte législatif de la @droiterep_an.
Je lui souhaite un plein…
A droite, on voit "un homme d'Etat"
Le plus satisfait des élus régionaux est sans doute le maire Les Républicains du Touquet. Daniel Fasquelle se dit "très proche" de Michel Barnier. Le nouveau premier ministre a d'ailleurs préfacé son dernier ouvrage "Sauvons l'Europe" : "C'est quelqu'un que j'apprécie beaucoup depuis très longtemps. Pour moi, c'est un homme d'Etat qui est respecté en France, en Europe et à l'étranger. C'est important alors que l'image de la France est abîmée par cette séquence trop longue".
Et d'évoquer cette photo de Michel Barnier dans son bureau du Pas-de-Calais : le nouveau premier ministre y pose aux côtés des pêcheurs d'Etaples. "Il a été capable de négocier et de trouver un accord avec les Anglais au moment du Brexit sans jamais rien lâcher. Il devrait êre capable de négocier avec Emmanuel Macron et le Rassemblement National".
Le RN "faiseur de roi"
Dans cette période politique troublée, une question se pose : combien de temps Michel Barnier pourra-t-il tenir à Matignon ? Résistera-t-il à une éventuelle motion de censure ? C'est en tout cas ce que promet le Rassemblement national.
Le sénateur RN du Nord Joshua Hochard assure que son camp attendra le discours de politique générale avant de s'opposer au nouveau gouvernement. "Le RN est quasiment faiseur de roi dans le choix de ce premier ministre", se satisfait-il quand nous le contactons par téléphone. "Emmanuel Macron a pris le parti de nommer un Premier ministre que l'on ne censurerait pas la première semaine. On va attendre de voir ce qu'il nous propose". Joshua Hochard de regretter malgré tout "le réemploi des dinosaures de la politique".
C'est sur ce ton assez critique qu'a d'ailleurs commencé la journée côté Rassemblement national. Interrogé sur l'antenne de France Inter, le député RN de la Somme Jean-Philippe Tanguy fustigeait : "Monsieur Barnier est non seulement fossile, mais fossilisé de la vie politique. Tout ce qu’il a pu faire est un échec, même au niveau européen".
Recherche d'un Premier ministre : @JphTanguy estime qu'on fait "du Jurassic Park en permanence" : "On va rechercher des fossiles à qui on essaie de redonner vie." #le710inter pic.twitter.com/V9zANbWnkZ
— France Inter (@franceinter) September 5, 2024
Très en colère contre la nomination de Michel Barnier et le refus de nommer Lucie Castets, les élus de gauche ont réagi vivement dans les Hauts de France.
La gauche inquiète
"Le président a envoyé valser le Front républicain, il n'a fait que faire les yeux doux à l'extrême droite, il a été chercher toujours plus à droite sur l'arc politique", a déploré dans une vidéo la secrétaire nationale des Ecologistes Marine Tondelier, "extrêmement inquiète de ce qui vient de se passer".
Le chef des communistes Fabien Roussel a pour sa part décrié dans un communiqué "le choix de la droite pour poursuivre la politique du président" et son objectif "clair" : "La construction d'une coalition avec les députés de son camp qui a été battu et la complicité du Rassemblement national pour appuyer la politique menée".
Porte-parole du PCF, Louis Deffontaine s'inquiète, lui aussi, pour l'avenir.
Le RN serait donc prêt à soutenir un Premier Ministre défendant la retraite à 65 ans et de nouvelles coupes budgétaires dans nos services publics.
— Léon Deffontaines (@L_Deffontaines) September 5, 2024
Les masques tombent. Jordan Bardella est la meilleure béquille d'Emmanuel Macron.
"C'est la certitude que rien ne changera", note aussi le député ex-insoumis François Ruffin sur X, en demandant : "Michel Barnier va-t-il revenir sur la retraite à 64 ans ? Rétablir l'ISF ? Non, bien sûr que non : Macron l'a choisi à ces conditions. Donc nous le censurerons".
Michel Barnier va-t-il revenir sur la retraite à 64 ans ? Rétablir l'ISF ? Non, bien sûr que non : Macron l'a choisi à ces conditions. Donc nous le censurerons.
— François Ruffin (@Francois_Ruffin) September 5, 2024
Élu depuis 1973, il cumule 51 ans de mandat. Politicien professionnel, casé et recasé au gré du vent, commissaire…
Contacté par téléphone, le président du groupe PS au Sénat Patrick Kanner s'est également montré très soucieux : "Un président de droite nomme un Premier ministre de droite en laissant entendre que rien ne s'est passé aux législatives et aux européennes".
Il regrette surtout qu'Emmanuel Macron ait "demandé sinon un blanc seing, du moins une abstention du RN". Il dénonce ainsi une situation politique intenable. "Nous avons non pas un Premier ministre de cohabitation, mais de collaboration".