Vingt ans après la fermeture de la dernière mine de charbon française, la branche minière de la CGT publie un ouvrage basé sur des témoignages et les études du docteur Alain Carré, pour informer sur les risques de cancers liés aux métiers de la mine et permettre une meilleure prise en charge des malades.
Les mines tuent et ont tué, c'est une certitude. L'histoire l'a démontré à de nombreuses et tragiques reprises. Mais qu'en est-il des vivants ? Des travailleurs des mines qui ont survécu à ce métier de l'ombre, avant de revenir à la surface en ayant contracté des maladies telles que la silicose ou la
En plus de ces deux maladies bien documentées, le risque accru de cancer est une piste qui a toujours été envisagée par les professionnels de la santé, sans jamais aboutir sur un document médical concret et informatif. Vingt ans après la fermeture de la dernière mine de charbon française, une enquête sur le sujet a finalement été publiée par la FNME CGT, qui a travaillé avec le docteur Alain Carré pendant sept ans.
N'oublier aucune profession
Un livre-enquête édifiant imprimé en 2 000 exemplaires et publié aux éditions Arcane 17 en décembre 2023, qui s'intitule (Re)connaissances des risques cancérogènes au travail dans les mines, suivi post-professionnel. Sur 283 pages, ce document compile les données recueillies dans l'ensemble des bassins miniers (charbon, uranium, potassium) français : Lorraine, Alsace, Provence, Isère... Mais également dans celui du Nord-Pas-de-Calais.
Toutes les professions minières se sont réunies pour attester de leurs conditions de travail. On a fait ça poste par poste.
Freddy Maugiron, ancien délégué mineur
L'ouvrage se base particulièrement sur des témoignages venus de "toutes les professions minières, qui se sont réunies pour attester de leurs conditions de travail", atteste Freddy Maugiron, ancien délégué mineur. "On a fait ça poste par poste pour n'oublier personne." Électromécanos, piqueurs, foreurs, mineurs de fond et mineurs de surface, "qu'on oublie souvent mais qui sont aussi exposés à des substances cancérigènes"... Tous ont pu prendre la parole pour démontrer que les substances auxquels ils ont été exposés dans la mine sont source de cancer.
Une ressource médicale
L'objectif de ce travail est de créer un livre ressource pour les 40 000 personnes encore affiliées au régime minier, afin de leur donner des pistes concrètes de réflexion autour de leur état de santé, mais aussi de permettre une reconnaissance de leurs pathologies en tant que maladies professionnelles.
Le problème des mineurs c'est qu'il y a de très nombreux risques, importants en niveau, importants en fréquence, et qui sont souvent additifs voire multiplicatifs, c'est-à-dire qu'ils portent sur un même organe.
Alain Carré, médecin
"Le problème des mineurs c'est qu'il y a de très nombreux risques, importants en niveau, importants en fréquence, et qui sont souvent additifs voire multiplicatifs, c'est-à-dire qu'ils portent sur un même organe", explique Alain Carré, précisant que ce recueil peut également devenir un outil médial pour les professionnels de la santé. Chaque métier du secteur minier est inscrit avec une fiche de poste, la liste des produits cancérogènes rencontrés et les examens médicaux conseillés.
D'autres perspectives
Un travail d'ampleur donc, qui reste inachevé selon Richard Caudy, dirigeant de la FNME CGT : "Un livre, c'est forcément limité, on peut aller chercher encore d'autres témoignages, on espère qu'on arrivera à faire le tour de l'ensemble des substances minières puisqu'elles sont nombreuses et qu'elles ont chacune des particularités, qui ne sont toujours pas mises en lumière."