Modernisation du métro de Lille : "c'est comme si vous payiez une voiture et que 10 ans après vous ne l'aviez toujours pas", exprime Damien Castelain

Un retard prévisible d'au moins dix ans dans la modernisation du métro lillois et la livraison de nouvelles rames : voilà ce qui pousse la Métropole Européenne de Lille à attaquer Alstom devant le tribunal administratif de Lille. Explications et interview de Damien Castelain, président de la MEL.

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"Une situation critique sans précédent dans l’histoire des transports urbains en France" : dans son communiqué de presse, la MEL ne mâche pas ses mots pour qualifier le conflit qui l'oppose depuis de nombreuses années à l'entreprise Alstom. En cause, un retard prévisible d’au moins dix ans dans l'acquisition du nouveau pilote automatique du métro de Lille.

Le Président de la MEL, Damien Castelain, a donc décidé de mettre fin à la médiation engagée avec Alstom et d’aller en justice pour "obtenir de la société et de ses dirigeants qu’ils assument enfin leurs responsabilités envers la Métropole Européenne de Lille et les usagers du métro", indique le communiqué.

Un nouveau pilote automatique et 27 nouvelles rames

Le début de l'affaire remonte à 2012. Pour anticiper l’augmentation du trafic dans la région de Lille, la MEL conclut avec Alstom un marché portant sur l’implantation d’un nouveau pilote automatique et l’acquisition de 27 nouvelles rames de 52 mètres. Montant de l'opération : 266 millions d’euros, pour une mise en service en janvier 2016. La MEL explique que "l’objectif de ce marché consiste à augmenter de 50 % la capacité de la ligne 1 et de 30 % celle de la ligne 2 tout en gérant l’obsolescence des rames VAL 206, mises en service entre 1984 et 1989".

C'est comme si vous achetiez une voiture et que 10 ans après vous ne l'aviez toujours pas. En plus là, ça concerne 500 000 métropolitains !

Damien Castelain, président de Métropole Européenne de Lille

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Damien Castelain à propos de l'action en justice de la MEL contre Alstom ©France Télévisions. Céline Rousseaux

À la suite des retards accumulés par Alstom, la MEL a engagé plusieurs tentatives de médiation en 2019 puis en 2022 : "En dépit des efforts de la MEL pour libérer d’importants créneaux pour les essais durant l’été, Alstom a de nouveau échoué à qualifier le nouveau pilote automatique en septembre 2023, avec la persistance de 65 anomalies bloquantes. Ce nouveau revers ne permet pas d’envisager la mise en service du pilote automatique et des nouvelles rames de 52 mètres avant 2026".

Selon la MEL, Alstom refuse pour autant d’indemniser les préjudices subis par l'agglomération lilloise et les 500 000 usagers de ses transports. "En conséquence, la MEL va saisir la justice pour contraindre Alstom à remplir intégralement ses obligations". Un premier recours en référé devrait être déposé dans les prochains jours devant le tribunal administratif de Lille.

Dans un communiqué daté du 28 novembre, Alstom se dit "surpris par l’annonce faite par la MEL de se retirer de la médiation concernant ce projet", et conteste les propos tenus par la MEL au sujet de l’avancée du projet en estimant "avoir fait la démonstration du fonctionnement de son système de métro automatique lors des derniers essais à Lille."

Le groupe indique qu'il fera valoir ses droits dans le cadre de la nouvelle procédure juridique annoncée.

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