"Il y a une bonne ambiance bienveillante", entre tradition ouvrière et renouveau musical, l'harmonie de Belfort en scène

Les musiques d'harmonie perpétuent un patrimoine autant industriel que culturel. À Belfort, chaque répétition rassemble des générations autour d'une passion commune, entre héritage ouvrier et modernité musicale, unissant anciens souvenirs et nouveaux défis.

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C'est un des films plébiscités par le public depuis sa sortie en salle fin novembre. En Fanfare" raconte les retrouvailles de deux frères que tout oppose, sauf la musique. C'est d'ailleurs une vraie harmonie, celle des mineurs de Lallaing dans le Nord, qui joue dans le film. Les orchestres d'harmonie s'inscrivent souvent dans la tradition ouvrière. C'est aussi le cas chez nous, en Franche-Comté, avec l'Harmonie de la ville de Belfort, anciennement l'harmonie Alsthom.

S'amuser en restant sérieux

Chaque mardi, Pascal Schmitt sort plus tard du travail. Pour cause, les répétitions à 20h. Alors pour s’éviter un aller-retour, il reste sur Belfort. “Historiquement, c'était l'harmonie du site Alstom. La première fois qu'on avait dû repeindre les locaux, on avait utilisé de la peinture couleur orange des TGV, qui venait de l'usine”, se souvient Pascal Schmitt, président de l'Orchestre d'Harmonie de la Ville de Belfort.

L'Orchestre d'Harmonie de la ville de Belfort réunit chaque semaine une cinquantaine de musiciens, tous amateurs ou presque. Des bois, des cuivres, des percussions et à la baguette depuis près de 25 ans, Xavier Scheid, lui-même petit-fils d'un salarié d'Alstom et attaché à la philosophie des harmonies. “C'est joué la musique sans trop se prendre la tête, même si on est sérieux parce qu’on travaille vraiment les partitions. Je leur donne tous les éléments pour qu'ils y arrivent, mais il y a toujours des petits moments, ici ou là, de détente”, souligne le directeur de l'Orchestre d'Harmonie de la Ville de Belfort. 

C'est normal qu'on ait envie aussi de jouer dans la bonne humeur, parce qu’on le fait soit après une journée d'école ou de travail.

Xavier Scheid, directeur de l'Orchestre d'Harmonie de la Ville de Belfort.

Dans l'armoire à souvenirs de l'harmonie, de précieuses reliques rappellent ce temps où les usines faisaient corps avec la ville de Belfort et avec ses orchestres. Cet héritage d'un patrimoine à la fois musical et industriel, Jeannette et Guy l'ont bien connu. Ces deux-là ont commencé la musique non pas à Belfort, mais en Haute-Marne, quand ils avaient une dizaine d'années, à la lyre cheminote de Chalindrey. “J'avais 15 ans, avec ma clarinette et un de mes frères au saxophone et l’autre à la trompette, se remémore Jeannette Barbant, clarinettiste et saxophoniste retraitée de la SNCF. C'était un loisir parce qu’où on habitait il n'y avait pas grand-chose en distraction.”

Son frère Guy, trompettiste et retraité d'Alstom ajoute : “quand on faisait des concerts, tout le monde était là. Quand on faisait les commémorations du 8 mai et du 11 novembre, il y avait 500 personnes sur la place et devant les monuments."

Il y a beaucoup de jeunes compositeurs qui composent pour la musique d'harmonie et il y a eu beaucoup de progrès. On joue des pièces qui sont parfois dures, mais très intéressantes, et les gens aiment.

Guy Barbant, trompettiste et retraité d'Alstom

Modernité et jeunesse

De nouveaux répertoires loin des fanfares d'antan comme avec ce medley de Sting ou l'orchestre s'enrichit de guitare et clavier amplifiés. Le renouveau n’est pas seulement sur le registre, mais aussi sur les rangs, avec de jeunes musiciens. Capucine a 16 ans et prend des cours au conservatoire voisins. Mais ce que l’harmonie lui offre, elle adore. “Il y a une bonne ambiance bienveillante, et ça ouvre vraiment beaucoup de portes. On est allés jouer au cinéma, sur des grandes scènes, au kiosque dehors… C'est vraiment ouvert à plein de choses”, détaille la flûtiste. 

Une ouverture sur plusieurs générations, réunies autour d'une même passion : la musique, mais bien plus encore pour ces biens nommés société d'harmonie.

Un reportage : Jérémy Chevreuil et Eric Dubief

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