Les producteurs laitiers du Nord se sont mobilisés aujourd'hui dans une grande surface du Quesnoy. L'objectif : dénoncer leur rémunération en dessous des prix européens liée au prix de vente du lait dans le département.
Les producteurs laitiers du Nord se sont mobilisés aujourd'hui dans une grande surface du Quesnoy. En cause, le prix de vente du lait qui ne leur permet pas d'être rémunérés correctement. Pour eux, il est question de la survie de la production laitière du département.
Pour se faire entendre, ils ont retiré des rayons le lait dont le prix affiché ne dépassait pas les 95 centimes par litre et ont collé dessus l'étiquette "ce prix ne me permet pas de nourrir mes bêtes". Ils exigent un prix de vente à 99 centimes au minimum pour être rémunérés de façon convenable et pouvoir nourrir leurs animaux.
Une rémunération en dessous des prix européens
Pour François Moreau, éleveur à Prisches et président de la section spécialisée des producteurs de lait du Nord, les multiples négociations n'ont pas abouti. "Aujourd'hui, un producteur de lait en France est rémunéré à 43 centimes quand, partout en Europe, il est rémunéré à 50 centimes", déplore-t-il au micro du 12/13 de France 3 Nord Pas-de-Calais ce vendredi 19 août.
Quand nous regardons chez nos voisins belges ou allemands, leur prix de lait demi-écrémé en bouteille d'un litre est vendu au moins à 99 centimes.
François Moreau, président de la section spécialisée de producteurs de lait du Nord
De plus, les producteurs de lait subissent trois phénomènes. "Il y a eu la crise Covid avec la hausse des charges, la guerre en Ukraine a augmenté nos charges au niveau de l'énergie et des aliments complémentaires". Enfin, "en particulier dans le Nord, il y a la sécheresse" et certains éleveurs "vendent leurs animaux car ils ne sont pas capables de les nourrir".
Les grandes surfaces doivent "regarder au niveau de leurs marges"
Si les consommateurs doivent faire un "petit effort", c'est aux grandes surfaces de regarder leurs prix. "C'est aussi le rôle des grandes surfaces de regarder au niveau de leurs marges parce que là, c'est réellement opaque.", regrette François Moreau.
Ils connaissent nos coûts mais on ne connait pas leurs marges.
François Moreau, président de la section spécialisée des producteurs de lait du Nord
L'impression d'un problème récurrent, presque inhérent à la profession se fait ressentir. Le président affirme : "on est condamné à ça, et pourtant il y a eu des lois, Egalim 1, Egalim 2".
Toutefois, même si ces lois existent, "il n'y a pas de sanctions" et "le mauvais élève n'est pas pénalisé". François Moreau dénonce une forme d'impunité de la part des grandes surfaces qui "font ce qu'elles veulent".
"30% des éleveurs" en détresse
François Moreau note qu'il y a "30% des éleveurs qui sont réellement en détresse" et ne peuvent plus nourrir les bêtes. "Il suffit d'aller dans la plaine, vous voyez bien que les prairies sont rousses, pas vertes, et aujourd'hui on ne sait pas nourrir les bêtes".
Une partie d'entre eux risque d'arriver "à ce niveau-là" si rien n'est fait. "On ne demande pas à être payés à un prix exorbitant, il nous faut un prix qui nous permette de nourrir nos bêtes", conclut-il.