Greenpeace France vient de dévoiler un rapport sur la centrale nucléaire de Gravelines. Il dénonce un "château de sable en bord de mer" et la vulnérabilité du territoire au risque de submersion marine. EDF ambitionne d’y construire deux nouveaux réacteurs nucléaires (EPR2). "Un projet à contresens de toute logique scientifique", affirme l'ONG.
Alors que le débat public sur la construction de deux réacteurs supplémentaires, des EPR2, à Gravelines a débuté en septembre, Greenpeace France dénonce une prise en compte insuffisante du réchauffement climatique.
La construction prévue des EPR2, des réacteurs à eau pressurisée de nouvelle génération de 1.600 MW chacun, s'intègre dans le programme de relance du nucléaire annoncé par Emmanuel Macron en 2022.
"Un château de sable en bord de mer" ?
La centrale de Gravelines, déjà la plus puissante centrale nucléaire d'Europe de l'Ouest avec ses six réacteurs, est installée dans le delta de l'Aa, un territoire de polders. Des terres gagnées sur la mer, "une terre asséchée artificiellement par un réseau très dense de canaux et protégée par un système d’endiguement.(...) La plupart de ces zones se situent déjà sous le niveau de la mer aux marées les plus hautes.", précise le rapport.
INEDIT : A l'appui de cartes projetant les risques d'inondations et de submersion marine, qui augmenteront avec le changement climatique, nous sortons ce matin une analyse de la centrale nucléaire à Gravelines (Nord) où EDF a décidé d'ajouter 2 réacteurs : https://t.co/k3Gs1ecwtK
— Greenpeace France - presse (@GPFrancepresse) October 3, 2024
Il est prévu que les deux réacteurs soient bâtis sur une plateforme. Insuffisant pour l'ONG qui déclare : "En 2100, l'ensemble du site de la centrale peut se retrouver temporairement - au moment des marées hautes (plus hautes marées astronomiques) et dans les conditions d'une surcote centennale - sous le niveau de la mer". Greenpeace s'appuie alors sur le scénario le plus pessimiste du Giec, les experts climatiques mandatés par l'ONU.
Le rapport poursuit : "Ces deux nouveaux réacteurs «en altitude» au bord d’une mer montante et sur une terre qui sera de plus en plus exposée aux risques de submersion, seraient érigés sur une plateforme de 11 mètres de haut. La centrale pourrait ainsi être isolée en île, mettant en danger la sûreté nucléaire."
Le rapport dénonce ensuite : "une prise en compte relative et obsolète du dérèglement climatique" par EDF dans ce projet. Et qualifie la construction des réacteurs de "non-sens total au regard de l'aggravation du changement climatique".
Un non-sens total au regard de l'aggravation du changement climatique.
Greenpeace France
EDF doit renoncer, affirme Greenpeace
"EDF doit renoncer à construire des réacteurs dont elle ne peut garantir la sûreté nucléaire à 100% pendant toute leur durée de vie.", affime l'ONG.
Le rapport poursuit en pointant des normes qui ne prennent pas suffisamment en compte l'aggravation de la crise climatique : "Le processus global d’autorisations de construction des centrales nucléaires n’a pas évolué à la mesure du contexte climatique. Il ne permet pas l’anticipation des menaces que l’aggravation du dérèglement climatique fait peser sur nos sociétés."
Ces cartes réalisées par @greenpeacefr montrent qu’en 2100, l’ensemble du site de la centrale de Gravelines pourrait se retrouver temporairement sous le niveau de la mer. La centrale serait isolée en île, mettant en danger la sûreté nucléaire. 4/12 pic.twitter.com/pkQq490WFy
— Pauline Boyer (@Pauline_Boyer_) October 3, 2024
Enfin, l'ONG réclame que des experts indépendants soient mandatés, avant toute décision en la matière : "Greenpeace considère que des études de la vulnérabilité aux impacts du dérèglement climatique, menées par des expert.es indépendant.es, devraient être exigées et rendues publiques."
Selon EDF, la construction des 2 EPR de Gravelines devrait démarrer en 2026 pour une mise en service à horizon 2040.
Les consultations du débat public doivent se poursuivre jusqu'en janvier 2025, les habitants sont appelés à s'exprimer sur le sujet.