Comme tous les cinq ans, les riverains qui vivent à proximité de la centrale nucléaire de Gravelines se voient distribuer des pastilles d’iode. Objectif : être parés pour protéger sa santé en cas d’accident nucléaire.
À la pharmacie des Huttes, la distribution a commencé. Depuis mi-septembre, les personnes qui habitent dans un rayon de 10 kilomètres autour de la centrale de Gravelines viennent renouveler leurs pastilles d’iode. Une protection en cas d’accident nucléaire.
Édouard Guilbert, pharmacien, a été approvisionné tout récemment : “Je crois qu’on a reçu 205 boîtes de 10 comprimés… Donc il y en a pour un petit moment. Et puis on peut se réapprovisionner si besoin.” Les habitants des environs viennent ainsi chercher les précieuses pilules, gratuitement. La dernière distribution a eu lieu en 2019. Les pastilles sont à renouveler tous les cinq ans car elles se périment.
Une mesure préventive
Pour certains, avoir un stock d’iode est rentré dans les habitudes. Pierre, à la retraite, est venu chercher ses comprimés. “J’ai travaillé 27 ans à la centrale nucléaire, donc je sais quand même ce qu’il faut faire quoi”, raconte l’homme.
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D’autres, à l’inverse, sont surpris qu’on leur propose ces boîtes. “Je n’ai pas beaucoup d’informations non… Je ne savais pas”, explique une autre cliente de la pharmacie, qui repart finalement avec les médicaments.
Un quart de comprimé en fonction de l’âge et pour un adulte, il faut en prendre deux.
Edouard Guilbertpharmacien
Cette campagne préventive, initiée par les pouvoirs publics et EDF, a vocation à protéger la population si un accident nucléaire survenait. “Un geste de précaution qui permet de gagner du temps si la prise d’iode est ordonnée par les autorités”, précise la préfecture du Nord dans un communiqué de presse.
Contre le risque d’irradiation
En effet, mieux vaut être prêt à faire face à un éventuel risque d’irradiation. “Pour produire de l’électricité, une centrale nucléaire utilise de l’uranium, qui lors de la fission de ses atomes, produit des gaz contenant des particules radioactives, notamment de l’iode”, explique la préfecture. Lorsqu’un accident grave survient, ces iodes radioactifs peuvent être rejetés dans l’environnement.
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Or, ceux-ci constituent un risque sanitaire pour les habitants : respiré ou avalé, l’iode radioactif augmente le risque de cancer de la thyroïde. Il se fixe sur la glande thyroïde, “particulièrement sensible chez les jeunes et les femmes enceintes”. C’est pourquoi, dans une situation d’alerte, le Préfet, conseillé par l’Autorité de sureté nucléaire, peut ordonner la prise de ce comprimé.
Mais en quoi ces petites pastilles protègent-elles réellement ? La prise d’iode stable – et donc, non radioactif – permet tout simplement de saturer la glande thyroïdienne et ainsi d’éviter que l’iode radioactif ne s’y fixe. La mise à disposition des pilules se fait en pharmacie sans aucun justificatif.
Pour produire de l’électricité, une centrale nucléaire utilise de l’uranium, qui lors de la fission de ses atomes, produit des gaz contenant des particules radioactives, notamment de l’iode.
préfecture du Nord
Edouard Guilbert, le pharmacien, recommande : “Un quart de comprimé en fonction de l’âge et pour un adulte, il faut en prendre deux. Pour les enfants, ça peut être dilué dans un peu d’eau.”
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Pour se protéger des effets d’un rejet d’iode radioactif, d’autres comportements de protection sont à connaître et à adopter. “En cas de déclenchement des sirènes d’alerte (celles dont le signal est testé le 1er mercredi de chaque mois), et du dispositif FR Alert (alerte par notification ou SMS sur les téléphones portables), il faut se mettre à l’abri dans un bâtiment en dur et se tenir informé du comportement à adopter”, fait savoir la préfecture. En plus de la prise d’iode, le préfet peut ordonner la mise à l’abri ou l’évacuation de tout ou partie du périmètre couvert par le rejet atmosphérique.