"On ressent de la honte" : A Boulogne, les étudiants de l’ULCO toujours plus nombreux à recourir à l’épicerie solidaire

Ils sont 80 à 100 étudiants chaque année à faire leurs courses en épicerie solidaire, à la Maison de l’Étudiant de Boulogne-sur-Mer. Et la demande est grandissante. Une grande distribution alimentaire, gratuite et ouverte à tous les étudiants sans conditions de ressources, est organisée ce jeudi 8 février 2024.

Sur les étals de l’épicerie, il ne reste qu’un ou deux paquets de pâtes. Les bacs à légumes sont quasi vides. "On a été dévalisés hier", nous dit-on. Dans cette épicerie, située au sous-sol de la Maison de l’Étudiant, on trouve des produits à des prix entre 10 et 30% moins chers qu’en supermarché. Un paquet de riz à 1 euro revient à 10 centimes.

Cette épicerie solidaire, à destination des étudiants, existe depuis une dizaine d’années et "ne désemplit pas, malheureusement", explique Pauline Laligand, directrice de la MDE. "Nous avons maintenant des étudiants qui sont aidés par leurs parents et ont un job à côté, et malgré cela ils n’arrivent plus à vivre."

Pour bénéficier de l’épicerie, les étudiants doivent attester d’un reste à vivre entre 7 et 10 euros par mois.

Maison de l’Étudiant à Boulogne-sur-Mer

Pour pouvoir bénéficier de l’épicerie, les étudiants doivent envoyer un dossier à la MDE, comprenant leurs charges, loyer, factures, mutuelle, bourses… "En fonction, on calcule leur reste à vivre". En moyenne, entre 7 et 10 euros par mois. "Certains sont même en négatif certains mois car ils attendent leur salaire", déplore la directrice.

"Si on galère déjà maintenant, qu’est-ce que ce sera après ?"

Difficile d’être concentré sur ses études quand on pense à la fin du mois. C’est le cas de Séréna, en L3 Lettres modernes à l’Université du Littoral Côte d'Opale (ULCO). En première année, la jeune femme se rendait régulièrement à l’épicerie, non sans mal. "J’ai mis beaucoup de temps à constituer mon dossier, on ressent de la honte", admet-elle.

Pourtant, Séréna bénéficiait d’aides. 400 euros de bourse, 200 euros de la CAF, 100 repas gratuits à la cantine de l’ULCO… Mais cela ne suffisait plus. "Je payais mon loyer 400 euros, il me restait 200 euros pour vivre, payer internet et quelques sorties."

Élisa, elle, vit toujours chez ses parents à Desvres. Elle n’a pas besoin, "pour l’instant", de passer par l’épicerie, mais fait déjà attention à ses finances. "J’essaye de mettre de côté chaque début de mois pour éviter de me retrouver dans cette situation", explique-t-elle. L’étudiante en langues étrangères a renoncé à se loger à Boulogne pour faire des économies. "Si on galère déjà maintenant, qu’est-ce que ce sera après ?"

Moins de denrées alimentaires à cause de l’inflation

Avec l’inflation, les équipes de la MDE peinent à faire face à la demande. "On subit les flux tendus des supermarchés", constate Pauline Laligand. "Lors de nos collectes, on se rend compte aussi qu’on reçoit moins de dons". La structure essaye de trouver d’autres sources comme des appels à projet.

Pour donner un coup de pouce supplémentaire, une grande distribution alimentaire sans condition de ressources, est organisée ce jeudi à la Maison de l’Étudiant, entre 15 heures et 18 heures. Il suffit de présenter un certificat de scolarité ou une carte étudiante. En tout, 300 étudiants vont pouvoir bénéficier de l’opération.

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