Villeneuve d'Ascq et Roubaix, la célèbre librairie Le Furet du Nord ferme deux magasins, à l'horizon 2025. Le groupe Nosoli, propriétaire de l'enseigne, annonce 80 suppressions de postes. La direction va entamer des discussions avec ses salariés.
"On est au tout début d'un processus de consultation en interne, vital pour le groupe, qui peut durer quelques semaines", affirme Nathalie Leleu, responsable marketing et ressources humaines du groupe Nosoli. Les magasins de l'enseigne Furet du Nord de Villeneuve d'Ascq (centre commercial V2) et Roubaix, vont baisser le rideau, à l'horizon 2025.
L'institution locale du monde du livre, ayant ouvert sa première librairie indépendante à Lille, il y a plus de cent ans, envisage un plan de restructuration. Aujourd'hui, le groupe Nosoli comprend la marque Furet du Nord (19 magasins) présente principalement dans les Hauts-de-France, et depuis 2019, le groupe Decitre (11 magasins) implanté en région Auvergne-Rhônes-Alpes. Cela représente plus de 650 salariés : du libraire, au logisticien en passant par le comptable.
"Des loyers et des charges de plus en plus importantes depuis l'inflation"
"Du côté des salariés, beaucoup d'angoisse plane autour de cette annonce", alerte Nathalie Leleu, responsable marketing et ressources humaines. En tout ce sont les postes de neuf employés qui sont menacés à Roubaix et dix-sept à Villeneuve d'Ascq.
Les habitués de la librairie de "la cité du textile" ont jusqu'à mars prochain pour se procurer leurs livres favoris tandis que le sort de l'enseigne de la galerie marchande V2 est fixée à la fin d’année 2025. Ces échéances correspondent aux baux, qui ne seront pas prolongés, sauf si accords après négociations. Le groupe Nosoli indique également que trois de ses librairies en Auvergne-Rhône-Alpes vont mettre la clé sous la porte prochainement.
Le marché du livre, en France, décroît peu à peu.
Nathalie Leleu, responsable marketing et ressources humaines du groupe Nosoli
La raison de la fermeture de ces boutiques : "des loyers et des charges de plus en plus importantes depuis l'inflation", explique la responsable de l'entreprise. Ces dernières années, les clients ont tendance à déserter les librairies pour préférer commander sur internet et la concurrence est toujours plus grande avec d'autres enseignes. "Le marché du livre, en France, décroît peu à peu. Notre plus grand concurrent c'est le temps consacré à la littérature", déplore Nathalie Leleu. Pour le Furet du Nord, le faible niveau de rentabilité apparaît également comme un poids.
"On est arrivé au bout"
"À V2, on est arrivé au bout du bout. Il y a dix ans, le chiffre d’affaires était de 10 millions d'euros. Aujourd'hui, il plafonne à un peu moins de la moitié", raconte la responsable marketing de l'enseigne. La librairie de 1 800 m2 s'inscrit dans la volonté du Furet du Nord de se trouver aussi bien dans les centres-villes que dans les galeries marchandes. Un modèle qui ne rapporte plus assez d'argent aujourd'hui. "La surface est devenue trop grande. La boutique n'avait plus les reins assez solides pour tenir car son modèle économique s'érode peu à peu."
À V2, il y a dix ans, le chiffre d’affaires était de 10 millions d'euros. Aujourd'hui, il plafonne à un peu moins de la moitié.
Nathalie Leleu, responsable marketing et ressources humaines du groupe Nosoli
À Roubaix, constat semblable. S'ajoute à cela, une faible fréquentation malgré "une clientèle fidèle", assure Nathalie Leleu. La renommée de sa marque, le Furet du Nord la doit à ses plus de 60 000 références de livres sortant de ses étagères chaque année. "Notre ADN c'est d'être libraire par passion avant tout, pas seulement vendeurs de livres. On souhaite donner envie de lire et rendre accessible la lecture à chacun", se targue Nathalie Leleu.
Une organisation restructurée
Dans le plan de restructuration du groupe Decitre, on dénombre également la fermeture d'un centre de logistique dans la Sarthe, employant une dizaine de salariés. Si près de 80 postes dans l'ensemble de l'entité sont menacés c'est parce que "des missions seront repensées et des solutions de reclassement proposées pour maintenir la compétitivité du groupe", précise la responsable marketing.
L'objectif de cette réorganisation tout juste démarrée : consolider le modèle de l'entreprise et moderniser les librairies de l'enseigne."Jusqu'au bout, on va se battre pour que nos collaborateurs gardent leurs emplois", défend la responsable marketing et ressources humaines du groupe Nosoli.
Une municipalité de la Métropole lilloise convoiterait l'enseigne Furet du Nord."On sait depuis des mois que la mairie de Tourcoing veut un Furet du Nord dans son centre-ville", explique Nathalie Leleu. Un éventuel nouveau magasin qui permettrait que "la lecture rayonne" comme le chérit tant l'entreprise. "Mais à ce jour, rien n'est fait. Ce sujet est bien à dissocier de la fermeture des boutiques de Villeneuve-d'Ascq et Roubaix", précise la responsable marketing et ressources humaines du groupe Nosoli.