PHOTOS. "On a traversé les Etats-Unis dans les airs" : deux Français champions du monde de la Gordon Bennett, la course mythique de ballon à gaz

Deux Français, dont un Nordiste de Wambrechies, ont été sacrés champions du monde après avoir remporté la 66ème édition de la Gordon Bennett aux Etats-Unis, la plus mythique des courses de ballon à gaz. Ils ont passé près de 4 jours dans une nacelle d'un mètre carré pour parcourir plus de 2 600 kilomètres en survolant une grande partie des Etats-Unis.

C’est un exploit qui relève de l’impensable pour bon nombre d’entre nous. Deux Français viennent d’être sacrés champions du monde après avoir parcouru, dans le ciel des Etats-Unis, 2 661 kilomètres dans la nacelle d’un ballon à gaz pendant près de quatre jours. Oui, vous avez bien lu.

"On est très fiers, a déclaré à l’arrivée Benoit Havret, pilote de Wambrechies (Nord). On a traversé les Etats-Unis d’Ouest en Est en faisant 2 661 kilomètres". "C'est d’ailleurs le nouveau record de France", sourit Eric Decellières, son coéquipier, originaire du Jura.

"La Gordon Bennett, c'est notre Everest Aérostatique"

Leur quatrième participation aura donc été la bonne.

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Interview de Benoit Havret et Eric Decellieres, champions du monde de la 66ème édition de la Gordon Bennett • ©FTV

"On a bataillé à la fin avec le champion du monde en titre, raconte Benoit Havret. On s’est battus jusqu’au bout. Et ça l'a fait". Le binôme a remporté la 66^ème coupe aéronautique Gordon Bennett.

On n’avait jamais volé ensemble avant 2019 mais on avait le même instructeur, Vincent Leÿs, originaire de Villeneuve d’Ascq. Il détient 9 titres de champion du monde et nous sommes ses élèves.

Benoit Havret, vainqueur de la 66ème édition de la Gordon Bennett

Ce nom ne vous dit peut-être rien mais il s’agit de la plus mythique des courses de ballons à gaz à l’échelle de la planète. Créée en 1906, c’est la plus ancienne des compétitions de sport aérien dans le monde. 

Les règles sont simples : les 16 équipages inscrits cette année décollent du même endroit les uns après les autres, à quelques minutes d’intervalles et au son de leurs hymnes respectifs, dans des ballons à gaz remplis de 1 000 mètres cubes d’hydrogène et de 300 à 400 kg de sable. Pour remporter la compétition, il faut effectuer la plus longue distance avant de se poser.

"On a du sable qui nous sert de lest et on déleste régulièrement pour ramener le ballon à l’altitude qu’on souhaite", indique le pilote nordiste. Le binôme est également accompagné d'une équipe, sur terre, qui leur donne des indications sur les trajectoires de vol en fonction des vents notamment.

Départ d’Albuquerque dans le Nouveau-Mexique

Après un décollage depuis Albuquerque au Nouveau-Mexique dimanche 8 octobre 2023, le duo de pilotes a survolé le Texas, l’Oklahoma, l’Arkansas, le Mississipi, l’Alabama, la Géorgie et la Caroline du Sud avant de se poser dans la banlieue de Jacksonville en Caroline du Nord dans la nuit du mercredi 11 au jeudi 12 octobre.

Des paysages "d’une richesse incroyable, témoigne Benoit Havret. Les marécages du Mississipi, les canyons du Texas, il faut le vivre".

Au total, le binôme a parcouru 2 661 kilomètres dans les airs, soit plus que la distance séparant Lille de ... Moscou.

Un voyage que les deux acolytes ont effectué en 85 heures et 49 minutes... soit plus de 3 jours, 16 heures et 46 minutes pour traverser une grande partie des États-Unis d’Ouest en Est, le tout à plusieurs centaines de mètres du sol dans un petit mètre carré.

Une nacelle de moins d’un mètre carré

Car oui, au-delà de la performance sportive, Benoît Havret et Eric Decellières ont dû cohabiter pendant toute la durée du vol dans la nacelle du ballon à gaz, soit moins d’un mètre carré.

"Comment vous décrire la vie à bord de la nacelle ?, ironise Benoit Havret. On a une sorte de banquette sur laquelle on s’assoit. Quand un des deux veut se coucher, il peut s’allonger et l’autre s'installe sur un petit tabouret avec les jambes prolongées à l’extérieur de la nacelle".

Les siestes se font sur des créneaux de deux heures, à tour de rôle. Plutôt le jour lorsque le ballon monte en altitude et que les dangers sont moins nombreux. "La nuit, le ballon se refroidit, perd en altitude et il faut beaucoup plus de vigilance avec les antennes, les fils électriques etc.", liste le pilote.

Une cohabitation qui s'est bien passée, et qui devrait être renouvelée en 2024 lors de la prochaine édition en Allemagne. Avant d'accueillir la mythique compétition en France, en 2025, grâce à la victoire de Benoit Havret et d'Eric Decellières.