Une enquête publiée par Le Monde fait le constat d'une pollution inquiétante des nappes phréatiques en France. Pesticides, nitrates, hydrocarbures, polluants industriels... Face à ces différentes sources de pollution, les Hauts-de-France jouent le rôle des mauvais élèves, rattrapés par un passé industriel et agricole peu respectueux de ses sols.
Ce n'est pas nouveau. Avec son patrimoine industriel, minier et agricole historique, les Hauts-de-France figurent parmi les régions aux sols les plus pollués sur le territoire national. En 2018, le gouvernement considérait que 13,6 % des sites et sols de notre région étaient pollués, plaçant les Hauts-de-France en troisième position derrière l'Auvergne-Rhône-Alpes et le Grand Est.
Par extension, c'est tout le réseau de nappes phréatiques, première source d'eau potable du pays, des Hauts-de-France qui se retrouve soumis à des pesticides, nitrates, hydrocarbures, métaux ou autres polluants.
Afin d'établir un état des lieux de cette pollution extrêmement concernante, trois journalistes du Monde se sont alliées à six médias européens pour dévoiler l’ampleur de la contamination des eaux souterraines en France. Une grande enquête publiée ce 15 mai 2024 dont le constat pour les Hauts-de-France est alarmant.
Des pesticides liés aux cultures
Sur des cartes interactives, on remarque qu'une forte concentration de polluants se trouve au nord, au niveau de la Picardie et du Nord-Pas-de-Calais. Ces schémas se basent sur les données fournies par la France à l'Union européenne entre 2016 et 2021 et sur les chiffres de l'Ades (Accès aux Données sur les Eaux Souterraines) constitués entre 2022 et 2023.
Parmi les polluants pris en compte, on retrouve évidemment les pesticides et leurs sous-produits appelés "métabolites", qui représentent la première source de contamination des eaux souterraines. Selon Le Monde, "des traces de pesticides ont été détectées dans 97 % des stations [de contrôle des nappes phréatique] et ont dépassé les normes dans près de 20 % d’entre elles". La Picardie est particulièrement concernée en raison de traitements phytosanitaires plus fréquents, liés à la production céréalière.
Certains pesticides, qui ont fait l'objet de récentes interdictions, sont également massivement présents dans les nappes des Hauts-de-France. En particulier deux métabolites de la chloridazone (herbicide employé pour la culture des betteraves jusqu’en 2020), qui dépassent parfois jusqu'à 6 fois la norme de qualité, notamment sur le littoral du Pas-de-Calais.
Une forte quantité de perchlorate
Au-delà des pesticides, l'enquête souligne que les polluants d’origine industrielle "dépassent les concentrations maximales dans 460 stations", principalement dans des bassins industriels des Hauts-de-France, du Centre ou du Lyonnais. Ainsi, de fortes concentrations sont identifiables dans le Cambraisis, dans la zone de Lens et vers Saint-Quentin.
Le composé le plus présent est le perchlorate, qui peut dépasser jusqu'à 18 fois les normes de qualité. "Le perchlorate est une des plus anciennes molécules de synthèse qui persistent dans les nappes", précise l'article. "Issu, entre autres, de la fabrication et de l’explosion de munitions de la première guerre mondiale, ce perturbateur endocrinien pollue les sous-sols du nord-est, théâtres des combats de 1914-1918."