Il a marché 23 jours, 23 heures et 48 minutes de Nice à Thonon-les-Bains. A 46 ans, Louis-Philippe Loncke, domicilié à Mouscron, boucle la GTA, la Grande Traversée des Alpes en totale autonomie.
Sans assistance aucune, c'est la définition de l'autonomie dans ce genre de défi. Pendant 24 jours, Louis-Philippe Loncke n'a compté que sur lui-même : "cela veut dire que je ne dors pas dans un refuge ou chez quelqu'un mais dans ma tente, que je porte ma nourriture et que je bois l'eau dans les sources naturelles ou les fontaines publiques."
Il boucle sa 19ème expédition et 14ème "première mondiale"
Traverser les Alpes du Sud au Nord, en si peu de temps, est une première mondiale. Mais celui qui se définit comme un explorateur-aventurier termine ce vendredi 11 août sa 19ème expédition et sa 14ème "première mondiale". Il s'est par exemple attaqué, en 2007, à la partie sauvage de la Tasmanie sans réapprovisionnement, a fait le tour de la Belgique en kayak sur les canaux en 2011 et a, plus récemment, traversé les Pyrénées sans assistance.
Par rapport à mes autres expéditions, les Alpes sont physiquement très difficiles. Difficiles et dangereuses à cause du dénivelé
Louis-Philippe Loncke
Les chiffres donnent en effet le tournis : 34 200 mètres de dénivelé positif pour 623 km de marche. 12h d'activité physique par jour avec un sac de 34 kg sur le dos.
Et il y a eu, bien sûr, quelques avaries matérielles, comme au 4ème jour où la bretelle d'épaule de son sac cède. Il faut alors improviser une réparation de fortune à l'aide de ficelle. Deux soirs plus tard, en plein vent, au bord d'un lac, c'est un piquet de la tente qui fend la toile. Le bout d'adhésif collé à la hâte tiendra jusqu'à la fin de l'expédition. "Sans parler des douleurs aux pieds, poursuit l'homme, et au talon d'Achille à cause des montées et des descentes, j'ai vu beaucoup de randonneurs abandonner."
Couché de soleil sur le Mont Blanc
Mais il y a aussi du plaisir ! Quand la nature offre par exemple des myrtilles, mûres sauvages ou quelques framboises pour compléter les barres de muesli et les repas déshydratés. Mieux encore : quand, un soir, en haut du col d'Anterne, un magnifique couché de soleil illumine le Mont Blanc.
Pourquoi donc ce défi fou ? "Après les Pyrénées, j'ai eu envie de m'attaquer aux Alpes, ça n'avait pas encore été fait du Sud au Nord", explique l'ingénieur. Alors celui qui travaille dans la protection des données aux allocations familiales de la région bruxelloise a posé un mois de vacances, "des vacances engagées c'est vrai", reconnaît l'explorateur-aventurier! D'autant que dans ce sens-là, Nice-Thonon, le dénivelé est plus important "mais on a le soleil principalement de dos, ça aide, et les autres marcheurs de face, c'est sympathique pour discuter!"
Après cette expédition, Louis-Philippe Loncke a 5 jours pour se remettre de ses émotions, remonter dans le Nord et trouver des sponsors pour son prochain voyage : une aventure polaire, "jamais personne n'a traversé l'Islande l'hiver en totale autonomie". Peut-être une 15ème "première mondiale" à son palmarès ?