La publication d'un tract par la CGT SDIS 59, pointant des dysfonctionnements supposés lors du rapatriement d'un pompier blessé en 2022 propulse Marc Lehoucq, secrétaire général de l'organisation syndicale, dans la tourmente. Il est, depuis le mois d'avril, mis en examen.
Le secrétaire général de la CGT SDIS 59, Marc Lehoucq a été "mis en examen pour avoir dénoncé l'accident grave d'un sapeur-pompier du Nord sur intervention", a communiqué l'organisation syndicale.
S'il risque aujourd'hui 75.000 euros d'amende et 1 an de prison avec sursis, le SDIS "nous reproche d'avoir dénoncé la logistique et le rapatriement du pompier blessé" déplore Marc Lehoucq.
Un pompier blessé lors d'une opération dans l'Allier (03)
En 2022, alors que de fortes intempéries s'abattent sur l'Allier, les pompiers de l'unité GRIMP (Groupe de Recherche et d'Intervention en Milieu Périlleux) du Nord sont envoyés sur place en renfort.
"Les hommes du GRIMP sont partis en renfort une semaine, sans logistique, ni repas ni couchage", se souvient Marc Lehoucq. "Le département de l'Allier a dû s'organiser pour recevoir ces pompiers, mais au bout de quatre jours de rations militaires, un agent a perdu connaissance. En chutant, il a eu de multiples fractures : sinus, mâchoire..."
Hospitalisé à Vichy, cet agent a dû être rapatrié dans le Nord. La procédure a pris "plus de 40 heures" souligne le syndicaliste, qui reproche à l'officier supérieur de ne pas avoir utilisé "leur assurance" pour prendre en charge l'agent blessé. "Un rapatriement habituellement, ça se fait tout de suite. Ici, il est sorti de l'hôpital à 14 heures et le soir personne n'était là pour le rapatrier. Un de ses proches, pompier à Saint-Amand, est finalement venu le chercher."
Une absence de droit de réponse
Face à cette situation, la CGT SDIS 59 a donc écrit et publié un tract, que l'officier supérieur mis en cause a demandé de supprimer. "Une plainte a été déposée par l'officier cité dans un tract après que la CGT ait refusé son droit de réponse" précise le SDIS, qui soutien cet officier au titre de la protection fonctionnelle.
Ce tract sera finalement supprimé par l'organisation syndicale, après un dialogue avec l'officier supérieur.
Est-ce que demain je vais pouvoir continuer à être pompier ?
Marc LehoucqSecrétaire général de la CGT SDIS 59
Du fait de ses responsabilités à la CGT SDIS 59, c'est Marc Lehoucq qui devra assumer la décision de la justice. "C'est une vraie remise en question" confie-t-il. "Est-ce que demain je vais pouvoir continuer à être pompier ? C'est un tract que le syndicat a publié collectivement, mais en tant que responsable je suis juridiquement visé. Je suis mis en examen depuis le mois d'avril, j'ai déjà été auditionné deux fois."
Mais une question chiffonne le responsable syndical. "Qui est la réelle victime dans cette histoire ? L'agent blessé, ou l'officier qui était ce jour-là responsable de cette situation", s'interroge-t-il dans l'attente de son procès au tribunal.