Le tribunal judiciaire de Strasbourg a rendu sa décision ce lundi 8 juillet sur le dossier Ascometal, placé en redressement judiciaire depuis mars. Le fonds d'investissement britannique Greybull a été sélectionné, il préservera les différents sites français du groupe sidérurgique, dont celui de Leffrinckoucke (Nord).
C'est un "énorme soulagement" pour les 169 salariés de l'usine des Dunes, à Leffrinckoucke, dans le Nord. Une page vient de se tourner dans le dossier Ascometal, le groupe sidérurgique français placé en redressement judiciaire depuis mars. La chambre commerciale du tribunal judiciaire de Strasbourg a rendu son verdict sur les potentiels repreneurs, ce lundi 8 juillet : l'offre du fonds britannique Greybull Capital a été validée.
Depuis l’annonce du retrait de l'italien Venete, puis de l’entreprise française Europlasma le 27 juin, le fonds d'investissement britannique était le dernier encore en lice pour reprendre l'aciériste. Ce dernier évite ainsi de justesse la liquidation.
L'opération de sauvetage in extremis porte sur l'ensemble des sites d'Ascometal, à savoir son aciérie d'Hagondange (Moselle) et ses trois sites d'usinage et de parachèvement, à Custines (Meurthe-et-Moselle), Saint-Étienne (dans le quartier du Marais) et à Leffrinckoucke (Nord), soit près de 800 emplois en tout.
Remise en route du laminoir de Leffrinckoucke
"Fin mars, on ne donnait pas cher de notre peau, alors cette annonce de reprise est un soulagement pour tout le monde", assure Arnaud Bossaert, délégué syndical CFE-CGC et salarié de l'usine des Dunes, à Leffrinckoucke. Durant les derniers mois, les quelque 170 salariés s'étaient mobilisés lors de tractages et de manifestations pour alerter sur leur situation.
"C'est un projet industriel qui a du sens et il y a un peu d'investissement, c'est bien"
Arnaud Bossaert, délégué syndical
La peur de perdre leur travail se transforme aujourd'hui en soulagement. Leur mobilisation a payé car Greybull prévoit de conserver l'entièreté des emplois de l'usine produisant des aciers, notamment destinés à l'industrie automobile. "C'est un projet industriel qui a du sens et il y a un peu d'investissement, c'est bien", affirme Arnaud Bossaert avec conviction.
Parmi les projets de Greybull : remettre en état de marche le laminoir de l'usine, à l'arrêt depuis plusieurs années. Le fonds d'investissement britannique espère le relancer dans les 9 prochains mois, un objectif "optimiste" pour le délégué syndical, qui mise plutôt sur un an et demi,"voire 18 mois" de délai.
85 millions d'euros de prêt de l'Etat
Du temps, il en faudra aussi pour que l'usine des Dunes reprenne un rythme de travail normal. "Il n'y a pas beaucoup d'activité en ce moment, confirme Arnaud Bossaert, jusqu'ici la trésorerie bloquait, maintenant qu'il y a les fonds tout va se remettre en place". Les contrats devront être renégociés dans les prochains jours, notamment ceux avec l'usine de Fos-Sur-Mer (Bouches-du-Rhône), qui a, elle, été reprise par l'entreprise italienne Marcegaglia.
Nous y avons travaillé d’arrache-pied. Aujourd’hui, l’offre de reprise de Greybull, avec un fort soutien de l’Etat, a été validée par le tribunal de commerce.
— Roland Lescure (@RolandLescure) July 8, 2024
Longue vie à Ascométal et tous ses salariés. pic.twitter.com/YxQVUd4D32
La relance de l'usine des Dunes comme celles des autres sites français d'Ascometal ne peut se faire sans le soutien financier de l'Etat. Il s'engage à verser en tout 85 millions d'euros sous la forme de deux prêts, le premier en 2024, le second l'année suivante. Le repreneur apporte également 90 millions d'euros.
Pour rappel, l'actionnaire suisse Swiss Steel avait repris Ascometal en janvier 2018. La nouvelle du redressement judiciaire avait été annoncée le 25 mars aux élus du personnel en comité social et économique (CSE), lors d’une réunion extraordinaire. C'est le troisième redressement judiciaire du groupe sidérurgique, qui avait déjà connu des procédures en 2014 et 2017. Les ouvriers espèrent ne pas en vivre un quatrième.