Depuis la rentrée des classes, le groupe Facebook des professeurs dans les Hauts-de-France publie chaque jour des messages de recherche d'enseignant, comme une "bouteille lancée à la mer", selon les syndicats.
"Bonjour à tous, le collège recherche un professeur d'espagnol pour 2h", "il manque un temps plein lettres classiques et un temps plein lettres modernes", "n'hésitez pas à contacter l'établissement au plus vite !" Des messages quotidiens sur la page Facebook d'un groupe privé de professeurs de la région Hauts-de-France.
La pratique n'est pas nouvelle, mais la fréquence des messages et le nombre d'enseignants recherchés posent question en cette rentrée 2023-2024.
C’est la première fois que je vois autant d’offres sur Facebook. Avant, quand il manquait quelqu'un, on en parlait entre nous. Là, on dirait que les collègues tentent le tout pour le tout!
Jean-François Caremel, secrétaire académique du SNES-FSU Lille.
Rectorat
Lorsqu'un enseignant manque à l'appel, le rectorat le remplace soit par un TZR, un titulaire sur zone de remplacement, c’est-à-dire un professeur "qui tourne", soit un contractuel. Sauf que "manifestement, le rectorat ne s'en sort pas en cette rentrée, ils sont dépassés", en déduit Jean-François Caremel pour le SNES-FSU.
Alors les professeurs font le travail eux-mêmes, en diffusant des messages sur les réseaux sociaux. "Ce n'est pas certain que ça marche, reconnaît le syndicaliste, mais au moins ils tentent, c'est de l'entraide pour espérer combler les trous, déjà nombreux cette année."
Selon le SNES-FSU, depuis la rentrée, il y a au moins une classe sans professeur dans 40 à 45% des établissements du second degré de l’académie de Lille. Du jamais-vu.
C'est alarmant alors que le gouvernement avait promis "un professeur devant chaque élève" avant la rentrée.
Jean-François Caremel, secrétaire académique du SNES-FSU Lille.
Une situation que la rectrice d'académie veut dédramatiser : "il n'y a aucun soucis dans les écoles, assure Valérie Cabuil sur le plateau de ICI 19/20, dans les collèges et lycées, on n’a que 65 postes non pourvus. (…) Généralement, après la première semaine, on arrive à recruter et à réadapter les choses."
Filières technologiques
Les manques de professeurs se font surtout ressentir dans les filières technologiques, surtout dans l'académie concernant "l'économie-gestion", "là où il y a de plus en plus d'élèves depuis la crise du Covid explique Jean-François Caremel, mais ça ne suit pas au niveau des recrutements des enseignants. Alors quand il y a un malade ou un absent, c'est très difficile de le remplacer."
Les filières technologiques sont sous tension, confirme la rectrice d'académie, "mais on a aussi des soucis en Allemand et Physique. Ce n'est pas seulement une question de matière ou de discipline, c’est aussi une question de lieux". Il est en effet plus facile de trouver des remplaçants dans la métropole lilloise plutôt que dans le sud du département.
Le syndicat SNES-FSU dit avoir alerté le rectorat sur cette rentrée particulièrement tendue en termes d'effectifs.