29 communes, dont Roubaix, ont candidaté pour devenir "capitale française de la culture", un nouveau label qui distingue tous les deux ans le projet culturel d’une ville. À la clé, une visibilité importante et des financements supplémentaires. Réponse attendue fin mars.
Après Lille, capitale européenne de la culture en 2004, Roubaix va-t-elle devenir la capitale française de la culture en 2022 ? Ce nouveau label, lancé par le ministère de la Culture fin 2020, a pour objectif de mettre en lumière pendant une année le projet culturel d’une ville ou d’une communauté de communes.
À la fin de la date limite des dépôts de candidature, 29 villes ont été recensées, Roubaix étant la seule de la région des Hauts-de-France. "Dès que j’ai pris connaissance de ce label en octobre dernier, ça a été pour moi une évidence", raconte Frédéric Lefebvre, adjoint à la culture de la ville.
Une évidence qui semble-t-il saute également aux yeux du directeur de l’office de tourisme de Roubaix, Loïc Trinel. "Y participer me semble très cohérent." Parmi les 29 candidatures - dont Cannes, Vierzon, Brest, Versailles ou encore le Mans - dix seront retenues début février par un jury qui auditionnera les villes toujours en lice fin mars, avant de désigner le lauréat dans la foulée.
Lancement du label "Capitale française de la culture" : le Ministère annoncera un premier lauréat en 2021https://t.co/GuU4dWglBe pic.twitter.com/jeb8wmvHlb
— franceinfo (@franceinfo) October 9, 2020
Pourquoi Roubaix pourrait l’emporter et devenir capitale française de la culture en 2022 ? On a posé la question aux principaux intéressés.
La culture comme axe de reconversion du passé industriel de Roubaix
Tout d’abord, la ville au passé industriel très marqué a utilisé la culture comme terreau de sa reconversion : à l’image d’une ancienne piscine art déco devenu l’un des musées les plus visités en France, un ancien hall de négoce textile transformé en atelier d’artistes ou encore une ancienne filature de tissus d’ameublement réaménagée en musée du textile. "La culture a toujours été un axe très fort de la reconversion industrielle de la ville de Roubaix, résume Frédéric Lefebvre, adjoint à la culture. Et cela depuis plusieurs décennies déjà."
En effet, à y regarder de plus près, les lieux culturels installés dans des bâtiments industriels fleurissent dans les quatre coins de la ville. La culture bien présente dans les musées, les salles de spectacle, les galeries et les ateliers… mais également dans les rues, sur les murs.
"Roubaix est un musée à ciel ouvert, avec une soixantaine de fresques conséquentes et une centaine de fresques de plus petites tailles", décrit Loïc Trinel. Le directeur de l’office de tourisme de la ville a d’ailleurs mis en place plusieurs visites guidées sur cette thématique, mais aussi des rencontres avec les artistes. "Depuis 2014, on compte une dizaine de nouvelles fresques dans la ville chaque année."
Une programmation pour lier le passé au présent de Roubaix
Au-delà des atouts architecturaux indéniables de la ville comme le musée de la Piscine ou l’église Saint-Joseph, la culture à Roubaix est vivante. Ici, 50% des habitants ont moins de 30 ans, et pas moins de 200 associations culturelles font "bouillonner la culture à Roubaix", comme aime le souligner Frédéric Lefebvre.
Un tissu associatif qui travaille d’arrache-pied, avec la mairie et les institutions, pour proposer une programmation culturelle 2022 à la hauteur des attentes du jury du label et plus que jamais attendue alors que la culture est jugée non-essentielle depuis le début de la crise sanitaire. "L’emporter serait une façon extraordinaire de proposer une programmation très intéressante pour le public après cette période très difficile pour les artistes", synthétise Frédéric Lefebvre.
"L’emporter serait une façon extraordinaire de proposer une programmation très intéressante pour le public après cette période très difficile pour les artistes."
Même si pour l’heure, le secret reste bien gardé, cette programmation devrait tourner autour des questions de patrimoine et de résilience, thématiques chères à la ville. "On a des projets qui prennent place dans des cadres remarquables grâce au passé industriel des lieux qui les accueillent", souligne le directeur de l’Office de Tourisme. Une programmation qui pourrait, en quelque sorte, servir de pont entre le passé et le présent de Roubaix, mêlant notamment patrimoine industriel et cultures urbaines.
Une mise en lumière bienvenue pour la ville et la région
Au-delà de la dotation financière d’un million d’euros empochée si la ville de Roubaix est sélectionnée par le jury, devenir capitale française de la culture le temps d’une année permettrait de braquer les projecteurs sur la ville. "Gagner nous permettrait d’accueillir encore plus de monde chez nous, de dire aux touristes français mais également européens : venez nous voir, venez rencontrer et découvrir notre patrimoine, s’imagine Frédéric Lefebvre. La ville est à vous pendant une année."
Un label qui renverrait également une image positive de Roubaix, "toujours bonne à prendre, résume Loïc Trinel. Ça permettrait de fédérer sur le long terme l’ensemble des acteurs et de donner envie à de nouveaux acteurs de s’implanter à Roubaix."
Voir toujours plus loin, sans non plus oublier les Roubaisiens eux-mêmes, en développant notamment le dispositif d’insertion par la culture et en touchant au-delà des publics aguerris aux allées des musées. "Roubaix capitale de la culture en 2022 serait un peu notre Lille 2004, lance l’adjoint au maire. Cela serait un coup d’accélérateur pour la ville, la métropole et la région."