Terrorisme : deux jihadistes nordistes condamnés à mort en Irak

Ce dimanche avait lieu le procès de Fodil Tahar Aouidate, originaire de Roubaix, et de Vianney Ouraghi, originaire de Villeneuve d'Ascq, tous les deux partis en Syrie. Un tribunal antiterroriste de Badgad a décidé de les condamner à mort. 

"Selon le rapport médical, il n'y a pas de traces de torture sur son corps" a affirmé le juge Ahmad Mohammad.

Les allégations de torture du Roubaisien, Fodil Tahar Aouidate, assurant que ses interrogateurs l'avaient frappé pour "avouer ce qu'ils réclamaient"ont donc été rejetées. Le tribunal anti-terroriste de Bagdad a décidé de le condamner à mort. 
 

9 jihadistes français condamnés à mort


Ils sont neuf français à écoper de cette peine pour appartenance au groupe jihadiste Etat islamique (EI), un crime passible de la peine capitale en Irak, que l'accusé ait ou non combattu. 
 
Comme dix autres Français et un Tunisien, Fodil Tahar Aouidate et Vianney Ouraghi étaient détenus par une force kurde en Syrie. Ils ont été transférés début janvier vers l'Irak.
 

22 membres de la famille de Fodil Tahar Aouidate ont aussi rejoint la Syrie 


Lundi 27 mai, à l'ouverture de son procès, Fodil Tahar Aouidate a déclaré : "Mon beau-frère me disait 'viens, ici tu peux vivre en musulman, alors qu'en France, ils combattent l'islam'". En tout, ce sont 22 membres de sa famille qui, selon la justice française, ont rejoint également la Syrie. 
  
Enregistré dans les archives administratives de l'EI comme "un combattant", il était apparu, fin 2015, dans une vidéo faisant l'apologie des attaques du 13 novembre 2015 à Paris qui ont fait 130 morts. 
 

Deux de ses soeurs condamnées pour "financement du terrorisme"


Deux de ses soeurs ont été condamnées en France pour "financement du terrorisme", car elles ont, selon le tribunal, envoyé 15 000 euros en Syrie, notamment des allocations familiales perçues par des membres de leur famille après leur départ. Elles attendent toujours leur procès en appel. 
 

Vianney Ouraghi aussi condamné à mort 


Ce Français, d'origine algérienne, a reconnu devant le juge avoir "travaillé avec Daech (EI)". "Mais je n'ai pas participé aux combats ni en Syrie ni en Irak". Des aveux jugés insuffisants par le tribunal antiterroriste qui a décidé de le condamner aussi à mort. 

Vianney Ouraghi, ancien étudiant en psychologie, originaire de Villeneuve-d'Ascq, a rejoint l'EI dès la proclamation du califat en juillet 2014. 

Fin 2015, gravement blessé à la hanche, son décès a été annoncé à sa famille. Une information qu'il démentira par la suite.
   

Des condamnations à mort qui font réagir 


Cette condamnation à mort a notamment fait réagir Amine Elbahi, un Roubaisien connu pour sa prise de position en faveur du rapatriement des Français jihadistes pour qu'ils soient jugés en France. 
 
Dans son tweet, il demande le "transfèrement en France" de Fodil Tahar Aouidate. Et ce, malgré sa contribution "au recrutement de [sa] soeur vers les rangs de Daech"

 
 

Des procès aux "graves lacunes dont la torture" selon Human Rights Watch


Pour l'ONG Human Rights Watch (HRW), les procès irakiens présentent de "graves lacunes dont la torture".  Elle dénonce aussi l'attitude française : Paris ne devrait pas "sous-traiter la gestion" de ses ressortissants "à des systèmes judiciaires abusifs".

L'ONG assure en outre avoir "les preuves que les interrogateurs (irakiens) recourent à diverses techniques de torture qui ne laissent pas de marques durables, comme frapper les suspects sur la plante des pieds et les simulacres de noyade'". 

Paris qui dit ne pas vouloir s'ingérer dans les décisions de la justice irakienne affirme avoir réitéré auprès de Bagdad son opposition à la peine de mort. 
 

"La justice irakienne se fait dans de bonnes conditions" selon la porte-parole du gouvernement


La France, qui a aboli la peine de mort en 1981 se retrouve face à un paradoxe : elle ne veut pas juger ses ressortissants mais elle ne veut pas que l'Irak les condamne à mort. Paris dit intervenir "au plus haut niveau" pour éviter qu'ils ne soient pendus, sans toutefois contester "l'équité" des procès. 

Ce dimanche, la porte-parole du gouvernement français, Sibeth Ndiaye, a estimé que la "justice irakienne se fait dans des bonnes conditions avec une défense présente". 
Les neuf Français et le Tunisien condamnés à mort depuis dimanche 26 mai ont effectivement tous été assistés par des avocats commis d'office, à l'exception de deux ayant un avocat irakien et un avocat français. 

Cependant, ces avocats n'ont rencontré et consulté le dossier des jugés que quelques minutes avant l'audience. A plusieurs reprises même, le juge a dû intervenir car les questions des avocats allaient à l'encontre de l'intérêt des accusés. 

500 étrangers de l'EI ont été condamnés depuis 2018

Si 500 étrangers de l'EI ont été condamnés par l'Irak depuis 2018, aucun de ceux ayant écopé de la peine capitale, ont été exécutés jusqu'à présent.

Les condamnés ont désormais trente jours pour faire appel de leur condamnation. 


 
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