"J'imagine que là-haut il dessine encore" L'hommage de François Hollande à Cabu, et à toutes les victimes des attentats de janvier 2015

Il était président de la République en 2015, une année lourdement marquée par les attentats islamistes. Dix ans plus tard, député de la Corrèze, François Hollande honore la mémoire de toutes les victimes de ces attentats. Il était présent à Limoges ce 8 janvier, dans le cadre d'une conférence sur la liberté d'expression. Il nous a accordé un entretien.

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Les attentats terroristes qui ont frappé la France en 2015 ont été un évènement majeur de son quinquennat. D'autant plus marquant qu'il était familier de certains dessinateurs de la bande à Charlie. 

Dix ans après, François Hollande, aujourd'hui député de la première circonscription de la Corrèze, assiste aux cérémonies de commémoration, des grands hommages nationaux aux manifestations organisées localement en Limousin. 

Ce mercredi 8 janvier, il participait à l'espace Noriac de Limoges à une conférence sur la liberté d'expression. À cette occasion, il a accordé un entretien à la rédaction de France 3 Limousin.

Quelles sont les images de ce 7 janvier 2015 qui vous reviennent à l'esprit ?

"Ce sont les mêmes images que chaque année je revois. D'abord, quand je me rends sur le site même du massacre, je vois des blessés et je devine les morts, la liste m'est dressée, d'hommes, une femme aussi, que j'ai connus, qui ont parfois été des familiers, Cabu en particulier, mais pas seulement."

Les survivants m'ont dit une seule chose : Faites que le terrorisme ne gagne pas.

François Hollande,

président de la République en janvier 2015


"Ensuite, j'ai une autre image qui me revient, les survivants. L'après-midi je suis allé à l'hôtel-Dieu à Paris où il y avait celles, parce que c'étaient des femmes beaucoup, et aussi quelques hommes qui avaient réchappé au massacre. Et ils m'ont dit une seule chose : Faites que le terrorisme ne gagne pas. Faites que malgré la mort de tous nos amis la liberté d'expression puisse être préservée en France et ailleurs."

Afficher "Je suis Charlie" aujourd'hui, est-ce que selon vous cela a encore un sens ?

"Oui, le sens, c'est de défendre justement cette liberté. Est-ce qu'elle a progressé, est-ce qu'elle a été confortée depuis dix ans, je ne crois pas. Il y a maintenant un phénomène que l'on appelle l'auto censure où sous la pression, la menace, la crainte de rétorsions, des dessins ne sont plus publiés, des articles sont quelquefois rectifiés, des livres ne sont pas publiés. Nous ne pouvons pas accepter. C'est ça l'esprit Charlie, ne pas accepter qu'il puisse y avoir une entrave à la liberté d'expression. La liberté d'expression ce n'est pas de s'autoriser tout. Il y a une limite, que les tribunaux peuvent fixer. Il ne peut pas y avoir d'invitation ou d'incitation à la haine, il ne peut pas y avoir d'attaque contre l'intimité. La liberté d'expression ce n'est pas de tout dire mais c'est au moins de pouvoir se moquer, critiquer, dénoncer, parce que ça fait partie de la démocratie."

Peut-on encore rire de tout, pour reprendre l'expression de Cabu ?

"Cabu était venu me voir peu de jours avant le massacre. Il faisait un film sur la caricature politique, j'étais président de la République et il me posait la question de ce que ça fait d'être caricaturé. Et quelques fois ça fait mal. Mais c'est ça la démocratie, c'est ça le pluralisme, c'est accepter d'être critiqué, moqué, dès lors qu'il n'y a pas d'appel à la haine ou un manquement grave à la dignité humaine. Et c'est peut-être parce qu'aujourd'hui chacun s'abrite, se défend, considère qu'il n'a plus à être critiqué pour sa religion ou ses convictions qu'il y a ce risque pour la liberté d'expression. Mais au-delà pour le fait de vivre ensemble tout simplement. Il faut accepter d'être interpellé, moqué, pas seulement quand on est politicien aussi en tant que citoyen."

Comment pensez-vous que Cabu accueille la mort Jean-Marie Le Pen ce même 7 janvier ?

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"Cabu avait une façon de faire assez exceptionnelle, c'est qu'il dessinait tout le temps. Il dessinait même sous la table. Il n'avait pas besoin de regarder son dessin. Donc j'imagine que là-haut, il dessine encore."

Pensez-vous qu'aujourd'hui le dessin de presse est menacé ?

"Non, je ne pense pas. Il y a des risques, des risques financiers notamment. Il y a des organes de presse qui vivent de plus en plus difficilement. Avant l'attentat contre sa rédaction, Charlie avait de grandes difficultés financières, et encore en ce moment. Parce qu'il faut qu'il y ait des lecteurs. Or aujourd'hui les réseaux sociaux font qu'on peut avoir une pseudo-information gratuite. Mais l'information ça a un prix, le travail des journalistes, les investigations. Si tout est sur les réseaux sociaux, sans contrôle et sans vérification, le pluralisme est mis en cause".

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