Sécheresse et inflation : la tentation de planter toujours aussi forte mais les particuliers pensent récupérateurs d'eau

Les jardineries restent très tendance, de plus en plus d'amateurs de jardinage viennent y chercher des bons plants mais aussi les conseils pour réaliser un potager rentable. Une tendance qui s'accentue avec la crise et l'inflation qui ne cesse d'augmenter.

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Sécheresse, manque d'eau, rien n'arrête la passion de planter. Ces derniers jours de mai dans les Hauts-de-France, malgré les températures élevées et le dôme de chaleur, les jardineries ont fait le plein. Les espaces extérieurs n'ont jamais été aussi précieux depuis la fin du confinement, beaucoup de Français ont, depuis, envie de retrouver un peu de nature et d'herbes verte chez eux, à la maison ou parfois même, en aménageant un petit coin de balcon avec un peu de verdure.

Sous l'immense verrière de cette serre familiale de Tressin, près de Villeneuve d'Ascq, en ce mois de mai exceptionnellement ensoleillé, la chaleur y est accablante mais cela n'empêche pas les nombreux clients de déambuler le long des allées verdoyantes et colorées  à la recherche de fleurs et de plants de légumes prêt à être repiqués : une caverne d'Ali Baba pour tous les amoureux des jardins.

C'est ici que depuis des années Bernard et son épouse Jacqueline viennent chercher les plants indispensables pour cultiver leur jardin. Bernard est responsable d'un groupe de jardins familiaux à Villeneuve d'Ascq et depuis la fin du confinement il a vu les demandes locations de jardins exploser.

Nous n'avons plus de jardins familiaux disponibles, et la liste d'attente est longue, plus de soixante dix personnes sur Villeneuve d'Ascq

Bernard, responsable jardins familiaux de Villeneuve d'Ascq

" À Villeneuve d'Ascq, il existe plus de 350  jardins familiaux et les gens qui vivent  en appartement ont tellement souffert durant cette période de Covid, qu'ils ont besoin aujourd'hui d'un bout de terrain  pour s'occuper et jardiner souvent en famille, mais nous n'avons plus de jardins disponible, et la liste d'attente est longue, plus de soixante dix personnes sur la commune", regrette  le passionné de jardinage .

 

Entre plaisir et lien social

Alors Bernard qui n'est pas avare en conseils sous sa longue barbe blanche, propose à ceux qui n'ont pas la chance de posséder un petit bout de jardin, d'occuper un coin de l'appartement, ou d'utiliser les balcons et jardinières pour y faire pousser petits légumes, condiments et aromates. 

" Il faut occuper le moindre espace si vous avez de la lumière naturelle et c'est un plaisir de pouvoir observer la nature se développer sous vos yeux chaque jour qui passe " ajoute t-il, en espérant que chacun puisse un jour avoir sont petit potager familial. 

 

À Villeneuve D'Ascq, il existe dans plusieurs quartiers à forte densité de population  des jardins partagés et des jardins familiaux. Pour répondre à la demande de plus en plus importante, la municipalité va prochainement mettre à disposition des associations, de nouvelles terres à jardiner, cela permet à de nombreuses familles de mieux manger et surtout cela va créer du lien social. 

 

S'adapter à la sécheresse qui menace avec les récupérateurs d'eau

 

Dans cette serre de Tressin, chacun vient y chercher sa propre motivation, les uns préfèrent les fleurs d'agréments, d'autres des légumes à repiquer mais dans les discussions entre les clients et les horticulteurs de la pépinière, c'est souvent le problème de l'eau qui revient à la bouche des visiteurs, comme Dominique et Véronique couple de retraités, qui depuis plusieurs années font tout pour économiser l'eau indispensable à leur jardin. 

" Il y a 5 ans déjà nous avions remarqué qu'il y avait un changement climatique sans précédant avec une hausse des températures et l'absence de véritables saisons comme autrefois. La sécheresse est bien présente et de plus en plus tôt dans l'année", explique Dominique . 

Dominique et Véronique qui ne sont pas des écologistes dans l'âme arrosaient leurs légumes tous les jours durant les saisons sèches et puis ce fut la goutte de trop. Gaspiller l'eau du robinet alors que dans notre région il pleut souvent durant l'hiver c'était un non sens pour ce couple de Hem.

De plus cette eau tombée du ciel est sans calcaire et c'est excellent pour les cultures

Dominique, jardinier amateur

" Nous avons pris conscience qu'il ne fallait plus utiliser l'eau potable pour arroser notre jardin et nous avons fait le choix de nous équiper en récupérateurs d'eaux de pluie. Nous en avons installé deux de 300 litres  et un de 650 litres, plus celui que nous avions déjà sous la maison, cela nous  permet d'être complètement  autonome durant tout l'été. De plus cette eau tombée  du ciel est sans calcaire et c'est excellent pour les cultures ", ajoute Dominique . 

Mais le couple veut aller plus loin en matière d'économie d'eau et souhaite installer des Ollas, pots en terres cuites enterrés dans le sol à proximité des cultures et que l'on rempli d'eau. Par effet de capillarité et à grâce à la porosité de la terre cuite, l'eau va irriguer juste ce qu'il faut, directement à la racine de la plante.

" Dans le sud de la France ils utilisent les Ollas depuis longtemps et ça commence à arriver dans le nord, preuve que le climat est vraiment en train de changer et que notre façon de consommer l'eau doit aussi radicalement changer ", termine Dominique.

 

 

Depuis le Covid  la serre installée à deux pas de la Belgique attire même des clients Belges. " Pourtant  parfois les prix des plantes sont moins élevés qu'ici mais nous achetons nos graines plus cher et nous n'utilisons aucun produit phytosanitaire. Quand une plante est attaquée par un insecte, nous sortons nos insectes prédateur comme la coccinelle et biens d'autres, pour combattre les nuisibles", explique Franck, Desrumaux, le créateur de la Serrre de Tressin, en montrant ses plants de tomates. 

 

" Notre clientèle est faite d'amateurs de jardins pour qui c'est une passion mais avons aussi des personnes âgés qui possèdent de grands jardins et qui pour eux sont indispensables  pour se nourrir,  tout au long de l'année. Ils ont souvent de petite retraite et les prix des fruits et légumes ne cessent de grimper, alors le calcul est vite fait ", ajoute Frank .

Tout le monde  horticole est touché par l'inflation et la guerre en Ukraine mais pour Franck Desrumaux, l'augmentation des produits ne date pas d'aujourd'hui. Le mauvais temps de l'an dernier et les mauvaises récoltes ont fait grimper les prix. 

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