Les conséquences pourraient être "importantes" pour ces cultures, selon Jean-Christophe Rufin de la FDSEA du Nord, qui estime d'ores et déjà que les périodes de végétalisation seront réduites et que, selon les productions, le rendement sera inférieur d'au moins 10% par rapport à 2022.
"La situation est très hétérogène dans la région. Je peux parler pour le Nord, territoire que je connais bien où les sols sont détrempés en général depuis une semaine et demie et où il a encore plu ce week-end. Là je suis près d'Amiens et, au contraire, les tracteurs sont dans les champs", explique Jean-Christophe Rufin au téléphone.
"C'est paradoxal, car nous réclamions de l'eau, mais là elle est tombée en excès sur le département. Dans l'Avesnois, où se trouve mon exploitation, c'est noyé, il n'y a rien à faire. Les retards de semis ou de plantation de maïs, lin ou pomme de terre sont grosso modo de six semaines. Dans les Flandres, la situation est à peu près la même", précise l'agriculteur qui estime que 30% des surfaces de betteraves sont encore à planter.
"Cela peut être dramatique"
Selon lui, on sait déjà que le rendement de 2023 sur quelques-unes de ces cultures, sera au moins de "-10%" par rapport à 2022. Cela peut être pire si l'excès d'eau se poursuit ou s'il fait excessivement chaud et sec désormais. L'agriculteur explique que cela peut potentiellement être "dramatique". Pourquoi ? Car la période durant laquelle la végétation se développe ne pourra pas être prolongée indéfiniment. Exemple : les pommes de terre. "Avant la récolte des patates, il faut que la feuille meurt or, plus elle meurt tard, plus on arrive dans une période humide voire où les premières températures négatives arrivent, ce qui entraîne de véritables difficultés de conservation. Pour le lin, en revanche ça devrait être moins gênant", précise l'agriculteur.
Autre paradoxe, si les sols sont détrempés dans le Nord, les sous-sols et les nappes phréatiques n'ont pas fait la recharge nécessaire (entre octobre et mars) en eau faisant craindre la prise d'arrêtés préfectoraux pour limiter la consommation d'eau aux beaux jours. Mais ce paradoxe s'explique tout simplement par le temps que met l'eau à pénétrer et à traverser les strates du sol jusqu'aux nappes phréatiques.