France 2 diffuse à partir de lundi 13 novembre 2023, la série - fiction événement inspirée du livre d'Alice Géraud "Sambre : Radioscopie d'un fait divers". La journaliste qui a enquêté plusieurs années sur ces faits divers nous explique pourquoi elle a choisi la fiction et ce qu'elle permet de raconter.
Pendant 30 ans, de 1988 à 2018, plusieurs dizaines de viols et d'agressions sexuelles sont commis dans un pourtour géographique d'une cinquantaine de kilomètres autour de la rivière la Sambre au niveau de Maubeuge, Aulnoye-Aymeries et en Belgique.
Le 1er juillet 2022, le protagoniste principal de cette affaire, Dino Scala, surnommé "le violeur de la Sambre", est condamné par la cour d’assises du Nord à 20 ans de réclusion criminelle pour 54 viols, tentatives de viol et agressions sexuelles qu'il a commis.
Au printemps 2023, le parquet de Valenciennes a ouvert une information judiciaire pour une quinzaine d’autres faits d’agressions sexuelles et de viols commis entre 1988 et 2009. Il s’agit de victimes dont les plaintes avaient écartées dans un premier temps.
L'affaire, découverte en 2018 par la journaliste Alice Géraud, a entraîné la rédaction d'un livre "Sambre : radiographie d'un fait divers", paru en janvier dernier. Sambre est aussi, aujourd'hui, une fiction librement inspirée de faits réels. Cinq questions à la journaliste auteur du livre, qui a enquêté sur l'affaire pendant 5 ans.
1. Pourquoi avez-vous opté pour une série et non un documentaire ?
Le documentaire a été le livre. L'enquête, le geste journalistique préalable a été le livre. Après j'avais envie d'écrire une fiction car on peut raconter des choses. Notamment l'intime, le viol. La série est une fiction car c'est davantage universel, c'est une histoire qu'on raconte et qui touche davantage de gens, qui entre plus facilement dans l'imaginaire collectif.
2. Cela permet-il de rendre des libertés avec la réalité ? Lesquelles ?
Le personnage joué par l'enseignante-chercheuse experte en géomatique a existé mais sa personnalité et son histoire sont complètement inventées. La maire de Louvroil a été inspirante mais, je le répète, c'est une fiction. Le policier Blanchot de la fiction n'a pas existé (1)
3. Que dit la série sur l'évolution de la prise en compte des victimes par la police et la justice ?
On le voit dans la série. Le premier dépôt de plainte en 1988 tranche avec la méthode utilisée par le personnage Etienne Winckler dans les épisodes 5 et 6. Non pas pour dire que l'ADN arrive et que, devenues davantage scientifiques, les méthodes sont plus efficaces, mais ce personnage écoute aussi les victimes. On est avant MeToo mais il y a quand même un changement, une évolution. La fiction permet aussi de montrer cette évolution de la société, de la raconter.
Diffusion
Sur France 2, à 21h10, épisode 1 et 2, lundi 13 novembre en soirée ; lundi 20 novembre épisodes 3 et 4 ; lundi 27 novembre épisodes 5 et 6.
Réalisation
Jean-Xavier de Lestrade
Scénario
Alice Géraud
Marc Herpoux
Avec
Alix Poisson (Christine Labot), Olivier Gourmet (Etienne Winckler), Julien Frison (Jean-Pierre Blanchot), Jonathan Turnbull (Enzo Salina), Noémie Lvovsky (Arlette Caruso), Clémence Poésy (Cécile Dumont), Pauline Parigot (Irène Dereux).
(1) Personnage joué par Julien Frison interprétant un jeune policier arrivé en 1988 à Maubeuge (qui finit par abandonner le métier dans la série).